En plein mois de juillet, le Festival international du film de Bangkok a sorti à tout bout de champ (visuel) ses films, ses cinéastes et ses stars. Bangkok : De notre envoyé spécial Une vague nouvelle de cinémas thaïlandais, chinois, philippin, coréen et vietnamien paraît très surprenante par les sujets neufs qu'elle aborde, sujets de politique et d'histoire, de relations personnelles, de l'enfance, de l'amour ou de scandales financiers. Ce nouveau souffle a son propre rythme, son esthétique, ses influences. Le cinéma d'Asie fait certes toujours des films d'action, de cape et d'épée, mais il a tendance aussi à laisser le champ de l'action pure pour investir le réel. Pendant 10 jours à Bangkok, le festival du film organisé avec la surprenante efficacité thaïlandaise de la Tourism Authority of Thailand (TAT) a montré plus de 100 films en provenance du monde entier. Une ouverture totale, sans exclusive. Dans le programme, on notait la présence d'un film algérien, Bled Number One, de Rabah Ameur-Zaimèche. Avec une grande subtilité dans le dosage du cinéma nouveau et ancien, le Festival de Bangkok a montré aussi une rétrospective du cinéaste mexicain Luis Bunuel et une série de grands classiques du cinéma : Citizen Kane, d'Orson Welles (1941), classé meilleur film américain de tous les temps pour la deuxième fois cette année, Docteur Jivago, de David Lean (1965), Casablanca, de Michael Curtiz (1942) troisième meilleur film américain de tous les temps, Bridge on the River Kwai, de David Lean (1957)… Tout allait très vite au plan de l'accueil et de l'organisation du festival, pas une minute à perdre. Dès notre arrivée à l'aéroport tout neuf de Suvamabhumi, sûrement la plus vaste aérogare du monde, on se retrouve à Central World, le fief du festival, un complexe commercial hallucinant de gigantisme. Là, au 7e étage, des salles adaptées des techniques les plus sophistiquées. On est au cœur de Bangkok. Au 22e étage, le festival organisait les conférences de presse, les séminaires et work-shops. Les spectateurs fort nombreux ont accès à Central World Plaza par le Skytrain, un métro aérien ultramoderne file à toute vitesse au-dessus du chaos des automobiles de Bangkok. Spectacle coloré dans Central World Plaza avec les foules de spectateurs, de groupes de jeunes surtout, fuyant les films américains de flics et de gangsters, venus voir le travail de la jeune génération de cinéastes d'Asie qu'honorait le festival de Bangkok : Yasmine Ahmed (Malaisie), Riki Riza (Indonésie), Charlie Nguyen (Vietnam), Nikitat Tharathorn (Thaïlande)… Bangkok pendant ce temps-là vibre à un rythme d'enfer. Cette cité de 10 millions d'habitants ne cesse de bouger ni ne s'arrête quel que soit le moment. J'ouvre à 4 h ma fenêtre au Dusit Thani Hotel, quartier général des médias qui couvrent le Festival de Bangkok : la scène du boulevard Rama IV est toujours le théâtre du rush automobile H24. La nuit, quand le déluge de la mousson s'abat sur Bangkok, la vision est très forte. La pluie fait luire les façades de marbre et de verre. Bangkok retrouve un moment de fraîcheur et oublie la fournaise du jour. Le Festival de Bangkok dirigé par l'actif cinéphile Kunjara Na Ayuthaya de la TAT a mené cette année une importante bataille pour être au rendez-vous et prouver que la capitale de la Thaïlande continue d'être le carrefour principal du cinéma d'Asie, une source d'images que le monde entier s'arrache.