Qui a déjà vu Bangkok, a le fort désir d'y revenir. Echos de la cité des anges en hiver, après le 3e Festival du film. 30 degrés à l'ombre. C'est pourtant l'hiver ici. C'est l'Orient et l'Équateur. On retrouve le même Bangkok avec ses flots de voitures bloquant les voies. Bientôt, début février, les élections générales. Bangkok est submergée de posters géants, portraits couleur des candidats, nombreux à vouloir le fauteuil de Premier ministre et pas regardant sur les dépenses pour y parvenir. A Bangkok, les jours sont relativement calmes par rapport aux nuits fort agitées. En nocturne, les concerts, les bars, les salons de messages sont plus que remplis. A lire The Bangkok Poste, l'émoi des jours suivant le tragique 26 décembre est déjà passé. Les Thaïlandais regardent vers l'avenir. En bons amis des pays qui envoient de l'aide, ils disent merci, mais veulent d'abord compter sur eux-mêmes. On dit ici que la Thaïlande est très riche et va s'en sortir d'ici quelques mois. La 3e édition du Festival de Bangkok restera très certainement dans les annales comme celle de l'émergence d'un nouveau cinéma thai. Une nouvelle vague est à l'œuvre. 60 longs métrages fiction ont été tournés en 2004. Les budgets sont en hausse, jusqu'à 7 millions de dollars par film. Il y a tout juste 5 ans, à peine une dizaine de productions avaient vu le jour. Au siège de la Federation of National Film Association, son secrétaire général Surasak Sunpituksaree nous fournit les statistiques, les titres, les photos de tournage... Son enthousiasme est celui de toute la profession. Chapitre distribution nationale, les films thais côtoient aujourd'hui les dernières grosses productions américaines à l'écran à Bangkok : Aviator de Martin Scorsese, Bridget Jones, The Edge of Reason de B. Kidron (film tourné en Thaïlande), ou Birth (avec Nicole Kidman). Parallèlement, et dans plusieurs salles, est sortie une comédie thaïlandaise intitulée Jaew (la bonne), réalisée par Yongyouth Tongkontun qui est au top du box-office. Ce même film est déjà parti vers le Japon et la Chine comme beaucoup de productions thais négociées au marché du film du Festival de Bangkok. Dans ce même marché qui s'est déroulé dans l'hôtel Shangri-La de Bangkok, des contrats juteux ont été signés non seulement pour l'achat de films commerciaux, mais aussi pour des productions qui sont des raretés artistiques, comme la superproduction de Malaisie : La princesse du Mont Lelang. Le maintien de la manifestation cinématographique a donné de l'espoir aux artistes après le désespoir du tsunami. La TAT a rempli toutes ses promesses. On s'attendait à voir Bangkok secouée de tristesse. Ce ne fut pas le cas. Le jour est à peine levé quand on atterrit à Bangkok et dès qu'on s'immerge dans l'immense cité aux gratte-ciel cramponnés aux nuages, on sent comme une secrète jubilation. Dans leurs chemises blanches amidonnées, des hommes (une véritable marée humaine) et des femmes tirées aussi à quatre épingles se hâtent vers leur travail. Il y a une efficacité absolue dans ce grand mouvement de foule matinal. Irréel, le spectacle de ces splendides buildings de Bangkok - l'architecture, ici provoque un étonnement total, fascinant - où s'engouffrent des milliers d'employés à l'allure très décidée. Pas de barrière linguistique à Bangkok, tout le monde parle anglais, les Chinois et les Japonais aussi. Irréel aussi, le spectacle hallucinant du trafic automobile. Ce qui fait que les habitants de Bangkok bénissent chaque jour leur skytrain (métro aérien) grâce auquel on traverse la ville en quelques minutes. Peu convenable en revanche le métro souterrain où un sérieux accident a fait récemment de nombreuses victimes. Réplique (religieuse) après le tsunami ? Aujourd'hui, à tous les coins de rues, on voit surgir à Bangkok des autels avec des statues de Bouddha dorées. Les passants se courbent devant en joignant les mains et poursuivent leur chemin. Les heures passent. La nuit est maintenant tombée. Les mystères de Bangkok commencent..