Grâce à des infrastructures modernes, des coûts de production peu élevés, des paysages riches et variés et... des éléphants cinéphiles ! la Thaïlande est devenue, depuis quelques années, un pays très prisé pour les tournages de superproductions internationales. L'épopée historique d'Oliver Stone, Alexandre, fut tournée l'année dernière ici tout comme en 1999 The Beach ou l'un des épisodes de Bridget Jones. Sans compter Apocalypse Now et Le Pont de la rivière Kwaï, il y a déjà un certain nombre d'années. Oliver Stone devait tourner dans le nord de l'Inde pour des motifs véridiques, sur les lieux mêmes de l'action de son épopée. Il a fini par ramener toute son équipe en Thaïlande. Ce pays a remplacé aussi la Chine pour le tournage récent de Around The World in 80 days, de M. Waldon. Dans Bangkok même, le quartier de Chinatown avec le marché flottant et les ruelles encombrées ressemblent au vieux quartier de Shangaï. De même, les hauts gratte-ciel de Bangkok peuvent passer pour ceux de Hong Kong au cinéma (mais à Hong Kong, les tarifs de production sont nettement plus élevés). Reconnaissant que les superproductions américaines sont dotées de très gros budgets, le gouvernement thaïlandais a pris une série de mesures pour leur faciliter le travail, concernant les autorisations administratives de tournage, la fiscalité, etc. Tout cela se fait très rapidement, tout est concentré dans un seul et unique bureau. Le directeur général de l'Office of Tourism Development (organisme qui gère le cinéma en Thaïlande) M. Sasithara Pichaichanarong appelle cela : « A One Stop Shop. » Un cinéaste étranger venu tourner en Thaïlande règle tous les problèmes d'un seul coup, en un seul endroit ! Adieu la bureaucratie indienne ou chinoise. Résultat, en 2003, en additionnant les longs métrages, documentaires, films de télévision et de publicité, on a tourné en Thaïlande 390 films étrangers ! Un record absolu. The Thaïland Film Office se frotte les mains, puisque cette activité de prestation de services lui a rapporté 31 millions de dollars, soit 1,2 milliard bahts en monnaie locale. Dans ce total (faramineux), il faut compter 20 superproductions américaines qui ont été tournées totalement ou en partie en Thaïlande. En dépit de ce qui a durement frappé la Thaïlande, le 26 décembre dernier, le gouvernement de Bangkok est décidé à attirer davantage encore de tournages sous son climat et dans ses paysages (le tsunami n'a touché que 0,5%, une très infime partie des 2700 km des rivages thailandais). D'ailleurs tourisme et cinéma vont ensemble en Thaïlande. On rappelle ici que dans les années 1970 , le simple tournage de James Bond en Thaïlande (The Man with the Golden Gun) a suscité un boom touristique incroyable. Des centaines de charters bourrés d'Australiens, d'Européens, d'Américains ont atterri en Thaïlande et les « tour-opérateurs » les amenaient sur les lieux du tournage. Plus tard, ce fut comme chacun sait, l'engouement pour les plages paradisiaques où The Beach a été tourné. Et où Léonardio DiCaprio a passé 6 mois à se dorer la pilule. Tous les « cachets d'aspirine » débarqués sur les lieux voulaient repartir bronzés comme lui ! L'épidémie du Sars vite éradiquée en Thaïlande n'a pas empêché les tournages des productions étrangères. Tout le problème aujourd'hui est de faire en sorte que, malgré le tsunami et les conséquences dramatiques sur une partie du Sud, le pays continue à être une destination préférée des cinéastes et grands producteurs. Actuellement, un cinéaste étranger peut venir en Thaïlande avec ses acteurs quasiment les mains dans les poches. Il trouve tout sur place : les équipements, les équipes de tournage, les techniciens hautement qualifiés. Une fois les choses administratives réglées, l'équipe installée, il ne reste plus qu'à réunir le troupeau d'éléphants, acteurs sympathiques et dociles...