Le collectif de défense de l'ex-président irakien constitué par l'avocat jordanien Mohamed Rachdane souhaite se rendre dans les tout prochains jours en Irak. « Notre chemin de croix, c'est que nous puissions aller en Irak, nous déplacer de l'aéroport à la prison en toute sécurité et obtenir un jour de visite pour voir notre client, accéder au dossier et commencer à travailler avec lui », a souligné M. Emmanuel Ludot, membre du collectif, lors d'une conférence de presse à Paris. Le dernier obstacle posé par le gouvernement provisoire irakien, à savoir la présence d'un avocat irakien dans le collectif pour que celui-ci puisse plaider devant le Tribunal spécial irakien (TSI) a été levé, a-t-il ajouté. A Amman, l'avocat jordanien Issam Ghazaoui a déclaré que cet avocat irakien, dont il a refusé de révéler l'identité « pour sa sécurité et de peur de représailles », a été « choisi parmi plus de vingt avocats irakiens qui se sont portés volontaires ». Me Issam Ghazaoui a également affirmé que « des avocats du collectif et des volontaires » se rendraient en Irak dans « trois ou quatre jours. » « Nous tiendrons mercredi à Amman une réunion des avocats et des volontaires au cours de laquelle ceux qui souhaitent se rendre en Irak enregistreront leur nom », a-t-il dit. Selon lui, « cette formule, qui consiste à inclure des journalistes dans le convoi, est la plus adéquate en l'absence de protection internationale ». Me Ghazaoui a signalé qu'aux 21 avocats « officiels » du collectif, s'ajoutent « 1500 volontaires, 400 professeurs américains et 200 consultants de différents pays dont la France et des pays d'Amérique latine ». Pour sa part, Me Emmanuel Ludot a fait référence à la fille aînée du dirigeant libyen, Aïcha El Kadafi, professeur de droit qui s'est proposée d'apporter « une assistance juridique, financière et logistique ». « Nous disposons d'un mandat écrit nous désignant comme défenseurs de Saddam Hussein », a précisé M. Emmanuel Ludot, ajoutant que le collectif avait reçu au cours de sa réunion à Amman la visite du fils aîné de Tarek Aziz dont l'objet était de demander au nom de sa famille de prendre en charge la défense de l'ancien vice-président irakien. L'ancien ministre de la Défense a également demandé au collectif d'assurer sa défense. M. Emmanuel Ludot a fait part des nombreuses tracasseries et difficultés venant tant du nouveau gouvernement irakien que des Américains. S'interrogeant sur la légitimité du TSI, il s'est demandé selon quels critères les juges ont été choisis. Pour l'avocat français, un « procès acceptable, c'est ce qui se passe en Sierra Leone sous le contrôle de l'ONU, un tribunal constitué pour partie de juges du pays, pour partie de juges désignés par l'ONU ». L'avocat français a enfin indiqué : « Notre travail sera de paralyser le plus longtemps possible ce tribunal pour que, un à un, les juges soient suspectés... Nous sommes dans une logique de pagaille, de jungle. En novembre, il y aura les élections américaines. Si nous accédons au dossier, nous apporterons nos preuves, nos témoins. Nous avons des dossiers qui s'accumulent : sur les Kurdes, sur le gazage des populations. Nous faisons tout un travail de collecte de preuves matérielles et de témoignages. » Les avocats plaideront l'acquittement : « La présomption d'innocence est également faite pour eux. »