La soirée d'ouverture de la 3e édition du Festival international de Djemila n'a pas répondu aux attentes et n'a pas été à la hauteur de l'événement. D'autant que l'information, inhérente à la tenue de la manifestation, n'a pas été diffusée à temps ou suffisamment. Le public sétifien ignorait la tenue du festival. La vente de billets qui devait se faire dans trois points à travers la wilaya ne semble pas avoir été annoncée comme il se doit. Le prix du ticket fixé à 500 DA n'est pas à la portée de toutes les bourses et surtout pas à celle des jeunes inactifs de la ville de Djemila, ce qui pourrait aussi expliquer le nombre réduit de spectateurs. Le problème de transport, aussi. Pour le public sétifien, rallier la capitale des Hauts-Plateaux à 3h du, si l'on n'est pas véhiculé, n'est pas chose aisée. L'absence de grosses pointures de la chanson n'est pas à oublier, non plus. Le site romain de l'antique Cuicul accueille comme chaque année le spectacle. La scène, cette année, a été érigée sous l'arc de triomphe de Caracalla dont l'histoire a inspiré le scénariste du ballet. La soirée inaugurale n'a débuté qu'aux environs de 23h, heure d'arrivée des officiels. Le public était très peu présent, même l'ouverture des portes n'a pas permis de drainer le public local. Des familles et des spectateurs, venus de loin assister au spectacle, ont été déçus par la première partie de la soirée. La piètre performance de quelques vieux « chanteurs » locaux enroués et aux tubes empoussiérés a poussé de nombreux spectateurs à quitter les lieux. Les sempiternelles reprises et réaménagements que subissent leurs chansons ne font plus recette. Le clou de la soirée sera servi par le ballet syrien Inana. Dans une belle chorégraphie digne des plus grands ballets du monde et sur les paroles du grand poète arabe Mahmoud Darwich, les danseurs ont raconté une fresque de l'histoire du Cham, un voyage à travers le temps de l'époque phénicienne à la romaine, l'intronisation de Septimus à la tête de Rome qu'il sauve des Germains, l'amour qu'il voue à Julia et la naissance de la dynastie des Juliens. Malgré une sonorisation et un éclairage pas très au point, les danseurs ont subjugué les spectateurs qui ont résisté au sommeil et à la fraîcheur de la nuit pour suivre ce beau mariage de couleurs et d'agilité. Une meilleure synchronisation des efforts des différentes parties organisatrices de ce festival permettra , peut-être, de sauver le 3e Festival international de Djemila. Le programme de la seconde soirée a été chamboulé, les chanteurs Fayçal Rahmani, Abdelkader Khaldi et Nour Eddine Allane prévus en 1re partie ont laissé la place à l'Irakien Rédha Al Abdallah. Ce dernier a subjugué les quelques spectateurs présents et les responsables rassemblés aux premiers rangs. Sa belle voix et son verbe léger ont tenu en haleine, deux heures durant, un public surchauffé. La poésie et la fougue du jeune chanteur irakien ont permis de passer au dessus des nombreuses défaillances techniques, de sonorisation s'entend. Pères de famille, adolescents et jeunes enfants se sont donné plaisir à danser au rythme de l'orchestre de Rédha, les youyous qui fusaient ont fait chaud au cœur du chanteur. Ce dernier a achevé son tour de chant par sa dernière composition, une chanson cadeau pour l'Algérie, écrite dans l'avion qui le ramenait vers ce pays hospitalier qu'il semble beaucoup apprécier. Abdelkader Khaldi donnera permission aux présents d'aller dormir, aux aurores, après une belle prestation. La soirée de vendredi sera animée par cheb Anouar, Nasreddine Hora et cheb Arrès, en première partie et le Tunisien cheb Djilani, en deuxième.