La première partie de la soirée du vendredi du festival de Djemila n'a pas eu le succès escompté. Le chanteur libyen cheb Djilani n'a pas réussi à dégeler l'assistance, un peu plus nombreuse que les deux premières soirées. Le public n'était aucunement disposé à participer à la fête et cela malgré la belle prestation de l'artiste qui n'a pas été avare de ses chansons et de sa belle voix. Son tour de chant qui a duré deux heures n'a pas permis d'installer une ambiance de fête ; les changements dans l'ordre d'apparition des artistes en est la raison, probablement. Les organisateurs du festival ne doivent pas ignorer que la première partie d'un spectacle permet de chauffer le public et d'installer une certaine ambiance pour le clou, la vedette qui vient en seconde partie. « Nous venons pour l'ambiance. Nous sommes en vacances et nous voulons nous éclater. Il n'y a ni activités ni spectacles à Sétif qui est une ville morte en été. Alors, nous venons chaque soir assister au Festival de Djemila », expliquent quelques familles présentes. Cheb Djilani ne réussira pas à les faire bouger. Ce n'est qu'à l'entrée de cheb Anouar que l'assistance se dégèle et entre dans l'ambiance. Le chanteur de raï réveille le public et on verra des familles entières « s'éclater » au rythme de ses chansons. Femmes, hommes et enfants semblent mieux apprécier ce genre de musique ou c'est l'effet « seconde partie de spectacle ». S'ensuivit la prestation de Nasreddine Hora, qui met la chanson chaouie au menu de la soirée. Il continua sur un rythme de fête. Cheb Arrès met le « feu aux poudres » comme à l'accoutumée. En final, le rythme endiablé de ses chansons permet à des tribus entières d'enchaîner les pas de danse. Presque tout le monde est debout. Le public danse sans aucune retenue. Les paroles sont reprises à l'unisson. Arrès est dans son élément, dans son milieu. Ses mots portent et touchent un public de toutes les tranches d'âge. La soirée s'achève dans l'agitation et le goût de l'inachevé sur les notes de Edouda. Et pour immortaliser l'événement, un grand nombre de spectateurs se transforment en photographes en herbe. Tous les outils sont présents à la 3e édition du Festival international de Djemila. Cela va de l'appareil jetable à la caméra numérique dernier cri, en passant, bien sûr, par les téléphones mobiles. Même les bébés et les jeunes enfants font partie de la foule des spectateurs. Les petits bouts de chou sont exposés à une sonorisation assourdissante, à la fraîcheur de la nuit, à la fumée des cigarettes et autres nuisances et désagréments. La soirée de samedi sera entièrement consacrée à un monument de la chanson arabe et maghrébine, le Marocain Abdelhadi Belkhiyat et cela promet un spectacle grandiose. Et à propos de la préservation du site, des questions nous taraudent : En mettant en projet le Festival de Djemila, quelqu'un a-t-il pensé au patrimoine historique de l'humanité qui se trouve sur place ? Les ruines qui ont résisté aux affres du temps résisteront-elles aux dommages que leur causent le public et le matériel qu'on installe à tout bout de champs ? La préservation de ce patrimoine mondial fait-elle partie des priorités et des préoccupations des organisateurs ?