La soirée de Abdelhadi Belkhayat, lors de la 4e édition 2007 du Festival international de Djemila, aurait été une parfaite réussite s'il n'y avait pas eu un grand absent : le public. Toute tentative d'une quelconque explication est inutile et loin de la vérité. Pour certains, cette défection est due au manque d'informations et à l'incompétence des organisateurs, pour d'autres c'est l'incapacité du public à accéder à la manifestation et enfin pour d'autres, encore, le Festival de Djemila devient gênant quelque part et le sabordage est de rigueur. N'empêche que malgré l'absence du public, la soirée a été une belle réussite. Les présents ont eu, pendant presque deux heures, le loisir et l'immense plaisir d'apprécier la prestation d'un des maîtres de la chanson arabe et maghrébine, Abdelhadi Belkhayat. Le monstre sacré a mené son tour de chant avec maestria et professionnalisme et cela, malgré les problèmes techniques qui persistent. Les problèmes de sonorisation continuent à gâcher le plaisir des spectateurs, d'ailleurs, on aura remarqué les signes discrets du chanteur en direction de l'ingénieur du son. Abdelhadi Belkhayat a enchanté le public présent, qui, à première vue, est connaisseur et fanatique du maître. On notera la forte présence de personnes d'un certain âge et surtout l'absence des danseurs des soirées précédentes. « Nous sommes venus de loin pour assister au tour de chant de Belkhayat que nous apprécions beaucoup et ce depuis longtemps », diront des spectateurs enchantés par la prestation de l'interpréte. Les présents ont eu à apprécier la poésie du chanteur. Des chansons connues, comme Ya mahboubi ou encore Ya bent enass et d'autres inédites décrivant les blessures de l'amour dont on ne guérit pas et aussi des plaisirs, ont égayé la soirée. Le mysticisme de Belkhayat, sa vision nouvelle des choses chez l'artiste lui font prôner l'amour de Dieu, la non-violence, l'amitié entre les peuples algérien et marocain, une préoccupation certaine pour l'éducation des enfants arabes par les arts et la culture. Le public, malgré une certaine fraîcheur, a tenu et a résisté comme l'artiste, nullement découragé par les défaillances techniques et le peu de spectateurs. A cette allure et vu la tournure que prend le déroulement de la manifestation, le Festival international de Djemila est en train de péricliter et il serait temps de remettre les pendules à l'heure pour sa pérennisation. Trois chanteurs se partageront la soirée d'aujourdhui : cheb Khalass, Lotfi Double Kanon et l'Egyptien Iheb Taoufik, trois genres différents et qui pourront, peut-être, sauver le festival.