Abandonné depuis des années à son triste sort, le monument aux morts sis juste au-dessus du centre hospitalo-universitaire de Constantine est dans un état des plus choquants. Construit durant la période coloniale en hommage aux soldats de la ville morts pendant les deux guerres mondiales, il occupe un des points culminants du Vieux-Rocher et domine les plaines du nord à l'extrême sud-ouest de la ville. Son site privilégié et unique lui a conféré un statut touristique assez particulier, un atout qui n'a pas manqué d'être par le passé à l'origine de flux incessants de visiteurs locaux mais surtout des touristes étrangers. Le monument aux morts classé parmi les fiertés de la ville a été complètement délaissé par toutes les assemblées communales qui ont pris les rênes de la municipalité de Constantine depuis plus de deux décennies, il deviendra au fil des temps le refuge des adeptes de la débauche, de l'alcoolisme, la drogue et du banditisme au point qu'il portera la sinistre réputation d'être parmi les lieux les plus risqués de la ville. Dans ces moindres recoins, les mains des vandales n'ont rien épargné. Après la destruction de tout ce qui restait encore debout, on ira même jusqu'à vouloir arracher les plaques commémoratives, cela sans évoquer les odeurs pestilentielles qui piquent les narines à des dizaines de mètres. Même si les services de la sûreté de wilaya ont finalement pris en compte les doléances des citoyens en mettant en place des brigades permanentes suite aux multiples cas d'agression à l'arme blanche, la désuétude dans laquelle sombre le site ne semble guère susciter des inquiétudes chez les élus de la ville occupés, il est vrai, par les interminables processions folkloriques. Pourtant, et pour peu que les autorités locales s'y mettent, le monument aux morts ainsi que d'autres sites naturels ou historiques de la ville pourront former un circuit touristique idéal et générateur de ressources financières, surtout que les étrangers qui s'intéressent à la Ville des ponts, son histoire et son patrimoine ont été souvent nombreux et se manifestent à diverses occasions mais ils reviennent toujours bredouilles, à l'exemple de cette citoyenne américaine de l'Etat de Maine, invitée de l'association des Amis du musée national Cirta qui, après un séjour au Sud, avait la ferme intention de visiter Constantine et admirer ses vestiges. De ces derniers, très nombreux, elle ne verra pas grand-chose. Par respect, son guide lui évitera d'en garder des souvenirs choquants.