Des élus en grève illimitée, voilà un fait des plus inédits dans les annales de l'histoire de l'Algérie indépendante. A Beni Douala, à une dizaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, l'exécutif communal a décidé de geler toutes ses activités au sein de l'APC en signe de protestation contre « le blocage prémédité de l'administration de la wilaya à l'encontre de notre commune depuis début 2000 », accuse le président d'APC, M. Fekhar, en poste depuis 7 ans. Selon lui, l'administration, à sa tête le wali de Tizi Ouzou, ne veut pas prendre en charge les problèmes quotidiens que vit cette localité. En premier lieu, le manque criant en eau potable dont souffre une population de 23 000 habitants, répartis sur 14 villages. Ce problème était à l'origine de la fermeture de la RN30, il y a quinze jours, par les habitants de Tala Khellil, privés de cette source de vie depuis plus d'un mois. La proximité du barrage de Taksebt qui a dévoré une grande partie des terres de la daïra de Beni Douala a davantage radicalisé la position des élus et de la population locale vis-à-vis des responsables concernés. Une banderole accrochée à l'entrée de la ville et sur laquelle était écrit « Le barrage de Taksebt à côté, l'eau ailleurs » exprime à elle seule la colère d'une population qui reçoit de l'eau quelques heures par semaine, lorsque la conduite n'a pas éclaté et que le courant électrique n'est pas coupé. Mais la rareté de l'eau potable à Beni Douala est loin d'être le seul problème qui suscite colère et indignation chez les élus et les citoyens. Les lenteurs observées dans l'achèvement de certains chantiers et le retard flagrant dans le démarrage d'autres projets sont autant de difficultés que les élus affirment ne pas pouvoir surmonter. S'y ajoute aussi l'état dégradé des routes, la prise en charge de l'électrification rurale, l'enclavement de certains villages et l'attente de l'inscription d'un lycée que les élus ont énumérés dans un document remis à notre rédaction et qui constitue en une plate-forme de revendications adressée au wali de Tizi Ouzou. Mais cette grève illimitée est perçue comme une démission collective qui ne dit pas son nom. Certains observateurs la classe dans le registre des actions de la précampagne pour les élections locales qui auront lieu au début de l'automne prochain. Interrogés sur ce point, M. Fekhar et ses collaborateurs affirment qu'ils n'ont pas l'intention de se présenter pour le prochain mandat. Selon eux, cette grève est l'ultime solution pour faire réagir les pouvoirs publics afin de régler dans les meilleurs délais certains problèmes qui urgent, particulièrement le manque d'eau.