L'Iran Khodro Industrial Group (IKCO), société à capitaux privés et publics, a établi un accord avec les autorités algériennes pour l'ouverture d'une unité de montage de camionnettes (pick-up) et de bus. Téhéran. De notre envoyé spécial Il s'est engagé à transférer la technologie nécessaire. Selon Hassan Bananej, responsable des relations internationales à IKCO et qui a discuté avec des journalistes algériens en visite en Iran à la faveur d'une petite tournée dans l'immense usine de Téhéran (ouverte en 1962), un accord sera signé en marge de la venue du président Mahmoud Ahmadinedjad à Alger. Un soutien financier sera accordé par les autorités algériennes pour l'installation de l'unité. « Nous avons privilégié la fabrication des pick-up parce que l'agriculture se développe en Algérie et que les paysans ont besoin de ce genre de moyens de transport », a expliqué Modjtabah Hadavand, chargé des exportations vers le Moyen-Orient à Khodro. M. Shivapour, directeur de la SAPCO, filiale du groupe Khodro, est à Alger pour discuter avec les responsables algériens d'un projet afin d'ouvrir une unité de fabrication de pièces détachées après celle de montage de véhicules. « L'ouverture de cette unité dépendra des discussions actuelles », a précisé Modjtabah Hadavand. Pourquoi le choix de l'Algérie ? « L'Algérie a une position stratégique au Maghreb. On ne pouvait pas choisir le Maroc, car la plupart des voitures fonctionnent au GPL », a indiqué M. Hadavand. A l'avenir, le groupe compte s'appuyer sur ses unités algérienne et égyptienne pour commercialiser ses produits au Maroc et dans le reste du Maghreb. A l'heure actuelle, la Syrie et l'Egypte sont ses principales cibles. Khodro possède déjà des unités de fabrication en Chine, au Venezuela, au Sénégal, en Syrie, en Biélorussie, en Egypte et en Azerbaïdjan. D'ici fin 2007, Khodro, représenté à Alger par l'entreprise Famoval de M. Rahmoun, prévoit d'exporter au moins 1500 véhicules, soit 1% du marché (l'Algérie achète 150 000 véhicules par an). Cet objectif est à moitié atteint avec 10 millions de dollars de gain. De quoi encourager le groupe à vouloir doubler sa part en 2008 dans un marché dominé à 20% par Hyundai. D'après M. Bananej, qui était à Alger il y a quelques semaines, une vaste opération de promotion publicitaire va être lancée pour faire connaître les produits du groupe cible — déjà — d'attaques souterraines de certains concurrents pris par la tentation de monopole dans un marché ouvert. Le responsable du centre stratégique du groupe Mehdizavideh Gholamreza ne cache pas la volonté de Khodro de convaincre les autorités algériennes de prendre pour les services taxi, le modèle Samand, considéré comme « voiture nationale » en Iran depuis sa commercialisation en 2002. M. Mehdizavideh a présenté aux journalistes une analyse détaillée du marché automobile algérien qui souligne un intérêt stratégique. Les valeurs japonaises dans les ateliers En 2006, Khodro a fabriqué un million de véhicules tous types confondus. Le volume de production augmente chaque année de 25%. Et chaque année, le service recherche et développement (R and D) propose deux nouveaux modèles à fabriquer. La Soren est le dernier né du groupe : une voiture de ville, rapide et écologique, déjà présentée en Algérie. Khodro, qui travaille avec des licences de Mercedes Benz, de Peugeot, de Hyundai et de Renault, construit aussi la Peugeot 206 et 206 SD, la Peugeot Pars, RD, ROA et la 405, la Tondar 90, la Grand Vitara (4x4), le pick-up Bardo et la Suzuki. Khodro fabrique également des bus, des minibus et des camions. « Nous envisageons d'exporter les modèles 206 et la Bardo vers 39 pays. Nous avons un programme de fabrication qui s'étale sur dix ans. Nous voulons que nos voitures soient de bonne qualité et de prix abordables », a précisé Mehdizavideh Gholamreza. Khodro détient la part de 55,8% du marché des véhicules en Iran et siège dans la puissante organisation pour la rénovation de l'industrie en Iran. Il vient de décrocher de gros contrats d'exportation vers la Chine, la Russie et la Turquie. En 2006, il a exporté 23 000 véhicules de tous types vers 32 pays. La valeur totale de ces exportations est de 315 millions de dollars. Il a vendu à l'étranger l'équivalent en valeur de 60 millions de dollars de pièces détachées l'année écoulée. Khodro, qui a la stature d'une multinationale, emploie 450 000 salariés dont 10% travaillent à l'usine de Téhéran. Une usine qui fonctionne sans arrêt, y compris les jours fériés et les week-ends. Une visite dans les ateliers de montage nous a permis de constater la propreté des lieux et la bonne tenue des machines, la plupart d'origine japonaise. C'est simple : Khodro a adopté la devise nippone des 5 S : setri (purification), sertou (discipline), seisou (propreté), seiketsu (maintenance) et shitsuki (éducation). A moitié robotisés, les ateliers fonctionnent selon le système des brigades et produisent une moyenne de 30 voitures par heure. L'encadrement de Khodro est dominé par les jeunes qui s'appliquent à mettre à l'épreuve les dernières techniques managériales permettant au groupe de fabriquer 90% des véhicules en Iran et d'être certifiés ISO 9001. Khodro est, en partie, propriété de la famille Khayami.