L'accord aérien signé entre l'Algérie et l'Iran va entrer dans une phase active. La compagnie publique Iran Air s'apprête à ouvrir une ligne sur Alger. L'annonce a été faite samedi soir à l'hôtel Hilton à Alger par l'ambassadeur d'Iran à Alger, Hossein Abdi Abyaneh, lors d'une rencontre avec les journalistes, à la faveur de la clôture de la semaine culturelle de son pays en Algérie. Nous travaillons pour qu'Air Algérie, qui va ouvrir une liaison avec Pékin, puisse avoir une escale à Téhéran », a ajouté le diplomate. Iran Air, qui existe depuis 1944, dessert 32 destinations, principalement en Asie et en Europe. Alger sera la première destination africaine et maghrébine d'Iran Air. Après Montréal, au Canada, Air Algérie envisage d'ouvrir dans les prochains mois une nouvelle ligne avec la capitale chinoise pour capter un marché qui profite actuellement à Qatar Airways, Emirates, Turkish Airlines et Egypt Air. Les 10 000 travailleurs chinois en Algérie passent souvent par Doha, Istanbul, Le Caire et Dubai pour rejoindre leur pays. Le long courrier Alger-Pékin devait être opérationnel fin 2007. L'Algérie et la Chine sont liés par un accord stratégique dans le domaine des transports. L'ambassadeur d'Iran s'est félicité de la hausse significative des échanges commerciaux entre les deux pays. « Entre 2006 et 2007, ces échanges ont augmenté de 100% », a-t-il précisé. Les échanges restent toutefois assez faibles puisqu'ils ne dépassent pas les dix millions de dollars. Hossein Abdi Abyaneh a confirmé que les autorisations ont été données pour le lancement en Algérie du projet d'une unité de montage de camionnettes (pick-up) et de minibus. Le géant automobile Iran Khodro Industrial Group (IKCO) s'est engagé, après la signature d'un accord en août 2007, à la faveur de la visite du président Mahmoud Ahmadinejad à Alger, à monter cette unité. Khodro envisage également d'ouvrir une unité de fabrication de pièces détachées. Khodro a pour but de prendre, comme première étape, 1% du marché algérien du véhicule (l'Algérie importe presque 200 000 véhicules par an). A partir d'Algérie et d'Egypte, Khodro projette de pénétrer les marchés marocain, tunisien et libyen avec, en perspective, des débouchés africains. Khodro, représenté à Alger par l'entreprise Famoval, est connu en Algérie par son modèle Samand, réputé « voiture nationale » en Iran. L'ambassadeur a également annoncé que la Banque iranienne de développement des exportations va bien s'installer en Algérie. Le perse sera enseigné à Alger Il a indiqué que le chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem a donné son accord pour l'ouverture d'une filière de langue perse à l'université d'Alger. « Il y avait de problèmes liés au logement des enseignants que nous avons réglés », a-t-il souligné. Une participation iranienne au futur salon international du livre est possible. « Nous n'avons pas été présents en 2007 à cause de certaines difficultés qui s'étaient posées lors de l'édition de 2006 », a indiqué le diplomate sans donner de détails. Il faisait, probablement, allusion à la censure qui a touché des ouvrages chiites. Une semaine culturelle algérienne est prévue dans les prochaines semaines à Téhéran. « Elle aura lieu en avril ou en mai. Nous attendons une visite de Mme la ministre de la Culture, Khalida Toumi, à Téhéran, pour fixer la date », a noté l'ambassadeur. Selon lui, la semaine culturelle iranienne, qui s'est déroulée du 16 au 22 février 2008, a été un succès. « Nos artistes ont été bien accueillis par le public. C'est notamment le cas de nos musiciens à Constantine. Les gens réclamaient plus de présence de la culture et des arts iraniens en Algérie. Cela nous fait plaisir », a noté Hossein Abdi Abyaneh. La semaine a été ouverte par le conseiller du président iranien et responsable de l'organisation iranienne de la culture et des relations islamiques, Mahdi Mostefaoui, qui était porteur, selon l'ambassadeur, d'une invitation écrite au président algérien à se rendre en Iran. Abdelaziz Bouteflika s'est déjà rendu en Iran en 2003. Visite suivie par la venue à Alger du président Mohammed Khatami en 2004. Hier, dans un message à son homologue algérien, le chef d'Etat iranien Mahmoud Ahmadinejad s'est félicité du niveau des relations entre les deux pays qui partagent « les mêmes priorités au regard des liens religieux et historiques qui les unissent ». « Les développements et les événements internationaux impliquant le monde islamique en particulier nécessitent une solidarité et une entraide continues entre les peuples musulmans ainsi que des relations renforcées à tous les niveaux », a-t-il écrit dans son message, repris par l'agence officielle APS. Evoquant le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'ambassadeur a déclaré qu'il s'agit d'une victoire pour le peuple iranien, pour l'ensemble des pays islamiques et des nations en voie de développement. « Des pays qui ont le droit de posséder l'énergie nucléaire pacifique. Il n'y aura ni pétrole ni gaz le siècle prochain. L'uranium doit être pour tous », a-t-il ajouté. A Téhéran, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Mohamed-Ali Hosseini, a, repris par l'agence Irna, affirmé que les allégations faites contre les activités nucléaires à l'encontre de l'Iran s'étaient avérées toutes sans fondement. Aujourd'hui, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie et France) et l'Allemagne se réunissent pour discuter un texte renforçant les sanctions contre l'Iran. Le motif est le même : « Refus de suspendre l'enrichissement d'uranium. »