Depuis le violent séisme de Boumerdès, en 2003, d'autres wilayas ont été touchées par des tremblements de terre de faible intensité et fort heureusement sans conséquence. C'est le cas du séisme qui s'est produit dans la soirée de mercredi dernier à Mostaganem. Cette ville avait été, hélas, le théâtre d'une déferlante qui avait coûté la vie à des estivants sur une plage mostaganémoise. L'événement a été relayé par des médias étrangers qui ont parlé d'un « minitsunami » à Mostaganem au moment où l'opinion publique nationale devait recevoir des éclairages beaucoup plus explicites sur le phénomène de la part des institutions compétentes. Il y a bien évidemment un devoir de communication à assumer par rapport au vécu sismique du pays sur lequel l'information ne doit pas émaner de l'étranger bien que nul n'ignore qu'il y a une coopération internationale avérée dans ce domaine sensible. Il est clair que depuis le tremblement de terre de 2003, les Algériens ont intégré le risque sismique comme une donnée de leur vie quotidienne et cela induit d'ailleurs une culture comportementale nouvelle chez chacun d'entre nous. L'activité sismique, depuis cette date, n'est plus regardée comme une manifestation surnaturelle ou punitive, mais comme une séquence naturelle du mouvement de la Terre. Cet éveil au risque sismique impose bien sûr un accompagnement pédagogique toujours utile pour aider les citoyens à prendre la mesure du phénomène par l'apprentissage des gestes de première urgence. C'est plus souvent la fragilisation psychologique qui engendre des dégâts car les réflexes de peur et de panique sont dans la nature humaine. Les effets terribles de la psychose se font d'autant plus sentir lorsque la communication pertinente est défaillante et que l'absence d'explications plausibles nourrit les spéculations et les hypothèses alarmistes. En fait, le public attend une lecture rationnelle et convaincante d'un événement comme ce « minitsunami » de Mostaganem sans laquelle n'importe qui pourra dire n'importe quoi. Le sentiment le plus dramatique à côté de cela est d'être devant un non-dit. C'est bien évidemment les experts algériens de la discipline qui seront les mieux entendus dans leur décryptage des sources de cette vague géante qui s'est abattue sur une plage mostaganémoise. Cette responsabilité ne peut pas être déléguée, pour ce cas de figure ou d'autres, à des observatoires européens ou anglo-saxons, même si cela n'exclut pas la collaboration entre les institutions. Au regard de sa configuration sismique, l'Algérie ne peut à l'évidence que prendre l'option de favoriser une recherche de pointe dans ce domaine devenu stratégique et pour lequel le potentiel scientifique et technologique existe. S'il ne relève pas de la prévision, le domaine de la sismologie ne peut cependant pas être livré aux aléas de l'improvisation et du hasard.