Une rue principale, récemment dallée après de longues années d'oubli, quelques magasins dont des épiceries faisant office de superettes, un taxiphone, deux ou trois « restaurants bars » et puis c'est tout. Cap Falcon se meurt d'ennui. Ah ! il y a encore l'Etoile, ou plutôt ce qu'il en reste. Cette crèmerie d'antan, connue des anciens pour son cachet unique sur toute la corniche oranaise, ne ressemble plus à rien. C'est devenu une sorte de gargote qui continue à servir des glaces mais sans aucun attrait pour les familles qui sortent le soir, pour prendre l'air et des rafraîchissements. Cap Falcon ressemble plus à un douar qu'à un site balnéaire. Pourtant, Cap Falcon a tout pour plaire. Une grande plage protégée des vents d'ouest par le mont sur lequel trône majestueusement le phare portant le même nom. Un édifice datant de la période espagnole et dont l'architecture ne laisse pas indifférent. Sur le flanc sud du mont, de vieux cabanons rafistolés, parfois complètement transformés, rarement comme ils avaient été conçus à l'époque où ils étaient seulement des résidences d'été. Eparpillés dans un peu de verdure avec une vue imprenable sur une partie de la corniche oranaise et, par temps sans brume, au-delà de la baie d'Oran, sur le littoral Est. Plus bas, pied dans l'eau, le hangar à bateaux, unique sur toute la côte ouest du pays. Des glisseurs rangés en étage. Les amateurs de ski nautique partent d'ici. De la côte, les enfants suivent émerveillés leurs prouesses. Le « Ptit-port », les barques des petits pêcheurs et du poisson frais quand la pêche est bonne. Mais il faut être là au moment opportun, il y a une forte demande. « C'est déjà vendu ! » vous lance-t-on…les restaurateurs ont déjà fait leur commande. La plage du vieux Cap Falcon, qui s'étend sur plusieurs centaines de mètres, du sable fin entretenu par des jeunes plagistes « non autorisés ». Une eau pas trop profonde jusqu'à une vingtaine de mètres mais attention quand la mer est un peu agitée, « El oued » — les courants contraires — est traître. Surprise ! Cette jolie plage n'est pas surveillée. L'ancien poste des maîtres- nageurs, devenu garage pour Zodiac et un étage pour surveillance, abandonné depuis longtemps, se trouve dans un état délabré qui fait peine à voir. Pourtant, c'est de là que veillaient au grain les figures emblématiques de la Protection civile de Wahran El Bahia. Feu El Loy disparu depuis peu, Limam encore en vie et bien d'autres. « La plage n'est plus surveillée depuis quelques années et c'est nous qui assurons parfois les sauvetages des baigneurs en difficulté », explique un des plagistes. « Là-bas, c'est surveillé parce qu'il y a les complexes touristiques ! », invoquent comme raison les enfants du vieux Cap Falcon. Là-bas, c'est à mi-chemin d'Aïn El Turck, où une multitude de complexes a poussé ces dernières années. Au vieux Cap Falcon, sur les hauteurs, les bénéficiaires de l'extension ont, eux aussi, construit de petits immeubles de quelques étages : « petits apparts », studios pour vacanciers…mais la clientèle ne se bouscule pas aux portes. L'absence de structures de divertissement fait fuir les estivants. Pourtant, aux alentours du phare, quelques aménagements sur les grands espaces encore à l'état sauvage pourraient offrir des lieux d'attraction pour les séduire.