Après avoir militairement dominé l'ensemble de la bande de Ghaza dont il est actuellement le seul maître, le mouvement islamiste Hamas poursuit sa guerre médiatique contre le mouvement Fatah et l'Autorité palestinienne. Ghaza. De notre correspondant La force exécutive du Hamas, qui a remplacé les forces des organismes sécuritaires de l'Autorité palestinienne, se montre intransigeante et utilise souvent la force pour empêcher toute voix proche du Fatah, de l'autorité palestinienne ou même de l'OLP de s'exprimer. Après avoir empêché tous les organes médiatiques proches du Fatah et de l'Autorité palestinienne, dont la télévision palestinienne et certaines radios locales (Al Houriya et Echabab) de diffuser leurs programmes à partir de la bande de Ghaza, ses hommes s'attaquent avec une grande brutalité à toute manifestation qu'ils jugent hostile au Hamas, même s'il s'agit de chansons pro-Fatah au cours d'une cérémonie de mariage, comme c'est de coutume dans les territoires palestiniens. A cause de chansons évoquant le mouvement Fatah ou Samih El Madhoun, un militant Fathaoui lynché au cours des événements passés par des partisans du Hamas, des nouveaux mariés ont été forcés de passer la nuit de noces dans les centres d'arrêt alors que leurs invités ont été passés à tabac. Sur le plan des manifestations publiques, du temps de l'Autorité palestinienne, le Hamas qui parfois faisait sortir ses partisans plusieurs fois par semaine dans les rues pour manifester contre telle ou telle affaire, exige dorénavant une autorisation préalable demandée 48 heures avant tout rassemblement. Passage à tabac A coups de bâtons et de crosses, des hommes de la force exécutive ont tenté lundi d'empêcher une manifestation organisée par le Fatah et d'autres mouvements affiliés à l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Ghaza. Mais quelque 300 personnes ont défié l'interdiction et se sont rassemblées sur une place près du bâtiment du conseil législatif aux cris de : « Nous voulons la liberté ». Les cars arrivant sur le lieu de la manifestation ont été bloqués par des gardes du Hamas qui ont repoussé violemment les protestataires et confisqué les drapeaux du Fatah. Néanmoins, quelque 300 personnes ont pu contourner le cordon de miliciens et ont manifesté pendant une vingtaine de minutes avant de se disperser. Les hommes du Hamas ont arrêté plusieurs manifestants et saisi le matériel des cameramen et photographes qui tentaient de couvrir les interpellations. Après la manifestation, des équipes du Hamas sont venues dans les bureaux d'organes de presse de Ghaza, notamment celui de la chaîne satellitaire Al Arabiya, pour tenter de saisir les images ou photos du rassemblement. Le syndicat des journalistes palestiniens a appelé ses membres à boycotter pendant trois jours tous les événements organisés par le Mouvement de la résistance islamique Hamas pour protester contre son traitement des médias. Par ailleurs, l'armée israélienne, aujourd'hui, beaucoup plus préoccupée par ce qui se passe sur les fronts libanais et syrien, où une guerre pourrait éclater à tout moment, aiguise ses forces contre les Palestiniens de la bande de Ghaza et, à un degré moindre, contre ceux de Cisjordanie occupée. Quatre palestiniens dont deux militants du Hamas et deux civils ont été tués hier matin, lors d'une incursion de l'armée israélienne dans le sud de la bande de Ghaza, à l'est de la ville de Khan Younes. Pas moins de 15 citoyens ont été blessés au cours de la même opération, dans laquelle l'armée de l'Etat hébreu a utilisé des chars, des bulldozers, des hélicoptères d'assaut de type Apache et des drones.