C'est à peine si quelques commerces se sont installés parmi les rôtisseries. Cet endroit, situé sur la RN 5, a acquis la réputation d'être le lieu où se concentrent le plus d'adeptes du poulet rôti. La vox-populi a affublé, d'ailleurs, ce quartier des Cinq Maisons du sobriquet peu élogieux de « Cinq poulets ». Les commerçants ont jeté leur dévolu depuis la fin des années 1990 sur deux endroits : Ouled Sidi Cheikh et les Tamaris. A entendre les patrons de ces grill-rooms la frénésie des grands jours est de retour. Les familles s'y bousculent surtout en soirée et les week-ends. « Passée la prière du dohr, les familles disparaissent mais ne tardent pas à revenir à partir de 17h. L'affluence ne se dément pas », soutient un crieur. Des files se forment et atteignent les deux ponts qui forment les deux limites de ce tronçon routier menant vers le Caroubier et les quartiers d'El Harrach et Mohammadia. Les prix restent excessifs comparativement à ceux appliqués au plus fort de la crise de la grippe aviaire. Un poulet rôti est cédé à 400 DA dans presque toutes les boutiques, alors que les boissons sont à plus de 50 DA. « On y trouve également à moins de 300 DA. Sauf que les poulets rôtis au chalumeau ne sont pas consistants et celui qui les achètera ne tardera pas à sucer des os », plaisante un crieur. Les prix les plus élevés sont ceux du poulet royal, spécialité dont la fourchette va de 700 à 900 DA. Lucratifs, ces commerces le sont à coups sûr. Il y a des commerçants qui vendent jusqu'à 500 unités par jour sinon plus, surtout au plus fort de la saison estivale. Néanmoins, les mauvaises pratiques ont la peau dure : les caissiers « trompent » souvent les clients sans que ceux-ci, surtout s'ils sont accompagnés, s'en aperçoivent, à en croire des employés de ces grill-rooms. Ces commerçants arborent des enseignes pompeuses sur lesquelles est indiqué que ce sont des « salles familiales » Celles-ci, de quelques mètres à peine sont de véritables étuves. Les commerçants squattent les trottoirs sans aucune gêne et les gens de passage sont souvent interpellés par des crieurs. Alertés sur ces pratiques les services de la DCP font souvent des descentes, verbalisant les uns et obligeant d'autres à mettre la clé sous le paillasson. Il s' en est trouvé ceux qui exerçaient sans les autorisations nécessaires, à en croire des sources de l'APC de Mohammadia. « Mais qui s'en soucie ? Déjà en 2003, ces rôtisseries ont été fermées par décision de la wilaya déléguée d'El Harrach après que les riverains soient montés aux créneaux », révèle un habitant d'El Harrach. Quatre ans après, les mêmes problèmes ont ressurgi sans que les autorités municipales réagissent, « si elles ne sont pas complices », s'indignent les riverains furieux de telles pratiques. A la chaleur ambiante s'ajoute celle des rôtisseries qui fonctionnent jusqu'à des heures tardives de la nuit. Une file de voitures immatriculées dans plusieurs wilayas de l'intérieur se forme, ne manquant pas de fermer la circulation sur ce tronçon de la RN5. Les policiers en faction sont dépassés et les quelques espaces, situés aux alentours du square du parc de loisirs d'en face sont pris d'assaut. Les mises en demeure envoyées par les services de la direction du commerce semblent décider quelques-uns à faire leur mue, mais pas tous. Un rapide passage à l'intérieur de ces gargotes qui sentent la crasse où les murs ont été passablement repeints, montre le peu d'intérêt que portent les gérants à l'hygiène à part pour la partie réservée aux familles, souvent clean. Des travaux sont engagés dans certaines rôtisseries. La survie de leurs commerces lucratifs en dépend.