Tout ceux qui y prendront pied sont sans voix : les Benlerneb, résidants d'un bidonville de Aïn Kahla à Aïn Naâdja (Alger), souffrent le martyre sans que les autorités décident d'y mettre un terme. Leur fils, âgé de 26 ans, marié et père d'une fille handicapée de 6 ans, est atteint d'un traumatisme crânien, suite à un accident survenu en 2005, qui l'a réduit en loque humaine. « L'accident s'est produit sur la route de Baba-Ali le 11 mai 2005. Tous ceux qui l'accompagnaient en sont tous sortis indemnes. Lui seul verra ses misères grandirent. Celui qui en est responsable, a toujours nié avoir été la cause de l'accident. « Nous avons toujours exigé à cette personne la réparation de l'affront », relève la mère, éplorée, en faisant remarquer que son fils fut admis le jour même au service de réanimation de l'hôpital de Kouba, pour la prise en charge de son grave traumatisme crânien. Plus tard, soit le 7 novembre, il sera ausculté par un neurochirurgien qui conclura au même diagnostic : « Le sujet est toujours dans un coma profond. » Benyahia restera à l'hôpital plus de cinq mois, sans que son cas ne s'améliore, bien au contraire. Les autorités judiciaires, devant lesquelles fut portée l'affaire, ne s'en apercevront que plus tard. « A la juge qui nous assurait que notre enfant est sain et ne souffre d'aucune lésion ni traumatisme, nous avons décidé de le lui ramener dans un fauteuil roulant », s'indigne-t-elle. Devant ce spectacle atterrant tous ceux qui étaient ce jour-là au tribunal sont restés bouche bée. S'apercevant de la méprise, la magistrate décidera de rejuger l'affaire en septembre. Les Benlerneb affirment être confiants dans la décision de la justice, « bernée » une première fois par un client indélicat et sans scrupules ». Ne retenant pas ses larmes, le père, qui ne s'est toujours pas remis de ses traumatismes, assure qu'il n'a pu obtenir de la partie mise en cause, le respect de ses obligations. « Des nombreuses relances sont restées sans réponse. Il semble désormais, inévitable d'engager une procédure d'injonction à son encontre », assure-t-il. Les Benlarneb montre du doigt les autorités communales qui ne se sont pas manifestées pour aider la famille. « Aucune aide ne nous a été offerte, pas même des couches. La seule aide que nous recevons nous vient des voisins du quartier et de quelques anonymes », relève amèrement la mère. L'épouse, ne pouvant supporter pareille situation, a quitté le foyer emportant avec elle sa fille. La mère, tout en douleur, avoue toutes ses difficultés à entretenir son fils qui est « redevenu le gamin qu'il était », et dire qu'il a exercé le métier de policier communal. Le destin en a voulu autrement, relève avec fierté la mère. Toutefois, ce qui nous a choqué, c'est l'état dans lequel se trouve la case des Benlarneb : aucune odeur n'est perceptible. C'est dire que les souffrances, qui se sont accumulées, n'ont pas eu raison de la volonté d'une famille restée seule dans le désarroi.