Très peu d'informations ont filtré ce week-end au sujet du syndrome néphrétique à étiologie infectieuse qui sévit depuis quinze jours dans la wilaya de Sidi Bel Abbès. Si ce n'est des chiffres muets distillés dans des communiqués laconiques. En effet, les informations ayant trait à cette maladie infectieuse sont divulguées au compte-gouttes. Même le personnel médical a adhéré à cette loi du silence après avoir été instruit par le département de Amar Tou de s'abstenir de toute déclaration à la presse, apprend-on. Hier, la direction de la santé a indiqué dans un communiqué concis que « trois patients ont été admis dans la soirée de jeudi et que six autres déclarés guéris ont quitté l'hôpital durant la même journée ». Selon la même source, le nombre de malades actuellement hospitalisés au niveau des différents services du centre hospitalo-universitaire (CHU) Hassani Abdelkader est de 37. « Des visites de contrôle se font auprès des malades sortants, à domicile, depuis jeudi dernier, et se sont poursuivies durant la journée de vendredi », ajoute la direction de la santé. Ressassant le même constat sur l'état « satisfaisant » des malades, les autorités sanitaires locales signalent également que les enquêtes épidémiologiques « se poursuivent dans l'attente des résultats des examens complémentaires déjà réalisés ». De plus, la direction de la santé a instruit mercredi l'ensemble des médecins privés à l'effet d'orienter tout malade présentant des symptômes similaires à ceux du syndrome néphrétique vers le CHU. Un précédent communiqué faisait état, jeudi, de l'admission de quatre patients durant la nuit de mercredi à jeudi et de douze patients sortants après « guérison ». « Une infection virale nous semble être à l'origine de la pathologie, mais ceci n'est encore qu'une hypothèse », a indiqué hier un médecin du CHU qui s'est exprimé sous le sceau de l'anonymat. Cette origine pourrait ainsi expliquer la raison pour laquelle des enquêtes ambulatoires ont été lancées depuis trois jours. Les localités de Sfisef et de Sidi Ali Boussidi sont les premières à avoir reçu la visite des enquêteurs qui semblent privilégier la piste d'un hantavirus dont l'apparition est due à la fréquence des rencontres homme-rongeur, nous dit-on. Ainsi, selon des sources médicales concordantes, l'hypothèse d'un virus du groupe « hantaan » paraît plus que probable. Ce virus se propage, notent-ils, par des particules en suspension dans l'air provenant de l'urine, des excréments et de la salive de certains rongeurs. Pour de nombreux observateurs, la prolifération des rongeurs à la faveur d'un environnement des plus dégradés (infiltrations d'eaux usées, branchements illicites, insalubrité invariable) dans des quartiers déshérités tels que Sorecor, CPR, Sidi Djillali ou Fillage Errih (ex-Point du jour) où la plupart des cas ont été recensés, accrédite cette hypothèse. Selon des virologues, ce germe provoque toujours de la fièvre, mais pas systématiquement des hémorragies. La période d'incubation est de 3 à 21 jours, signalent-ils, alors que la période fébrile est suivie soit d'un rétablissement spontané, soit d'une dégradation rapide de l'état général pendant laquelle les saignements peuvent se produire. Selon eux, des complications cardio-vasculaires, digestives, neurologiques ou rénales peuvent survenir éventuellement.