A voir la foule compacte des pensionnés de la CNR qui s'agglutine, à partir de chaque 24 du mois, devant les bureaux de poste des grands centres urbains de la wilaya, l'on se croirait à l'ère de l'économie dirigée, où d'interminables processions humaines se formaient à l'entrée des souks El Fellah pour l'acquisition d'un produit de première nécessité, d'un poste téléviseur ou d'un appareil électroménager. La tension sur les bureaux de poste s'amplifie chaque mois, a-t-on constaté de visu, et les retraités de la CNR ne semblent pas entrevoir le bout du tunnel. Pour s'en convaincre, il ne faut pas plus d'une petite virée à la poste pour comprendre l'ampleur des désagréments et des contraintes auxquels sont soumis les pensionnés. Les longues heures d'attente passées au niveau des guichets sont éreintantes et exaspérantes, a-t-on relevé. Pis encore, des personnes interrogées jurent par tous les Saints « perdre jusqu'à deux journées de travail à faire le pied de grue dans les bureaux de poste pour percevoir leur pécule. Dans la plupart des cas, c'est le fameux ordinateur qui tombe en panne, et de temps à autre l'on nous sort cette histoire de manque de liquidités ». C'est en ces termes précis que plusieurs personnes ont dépeint l'anarchie régnante et la lamentable prestation de service qui y prévaut. Partout, c'est le même son de cloche : les retraités sont unanimes à constater que « le nouveau calendrier des paiements des retraites, qui vient d'être adopté dernièrement, a généré beaucoup plus de doutes et d'incertitudes, qu'amélioré une prestation de service à la traîne ». Si d'habitude, les concernés prenaient d'assaut les bureaux de poste à partir du 24 de chaque mois, à présent, et à la faveur du nouveau planning, qui laisse vraiment à désirer, ils ont commencé à mettre le cap sur les guichets de poste le 20, le 22 et probablement le 26. Telle est la situation, en attendant que les initiateurs de ce projet en viennent à dissiper le flou et les contradictions qui l'entourent.