Derrière une petite table jonchée de paquets de cigarettes est affalé Hamoud. 31 ans, malingre, la face burinée par le soleil, Hamoud Alliche souffre d'un méchant handicap : il ne peut faire usage de ses jambes. Ses membres inférieurs sont remplacés par des prothèses. Hamoud nous fait ce récit poignant : « J'ai perdu mon pied gauche dans un attentat en 1995. J'étais en compagnie de trois amis. Les terroristes avaient fait sauter un pylône électrique et j'ai été fouetté par un câble de haute tension qui m'a arraché le pied. Mes autres compagnons sont morts tous les trois. Deux ans après, ce fut le massacre du 27 août 1997. En entendant les cris, je suis sorti et je suis tombé nez à nez sur les terroristes. L'un d'eux s'est abattu sur moi avec une hache et m'a fauché la jambe droite. Malgré cela, j'ai couru de toutes mes forces et me suis miraculeusement hissé sur une terrasse. Quelques jours plus tard, ma jambe s'est gangrenée et on me l'a coupée à hauteur de la cuisse. » A l'appui de ses dires, Hamoud soulève le pantalon et nous montre sa jambe droite amputée de moitié et sa jambe gauche à l'épiderme ravagé. Hamoud affirme qu'il n'a pas perçu la moindre indemnité en tant que victime du terrorisme. « Voilà des années que je réclame une motocyclette spéciale handicapé. En vain. Je touche 3000 DA d'allocation et c'est tout », dit-il. Détail significatif : derrière la table de Hamoud se trouve le siège carbonisé de l'association des victimes du terrorisme. « Depuis que l'association a suspendu ses activités, nous sommes livrés à nous-mêmes », déplore Hamoud.