Plus de trente années au service de la culture et du tourisme, Smaïl Salhi, actuellement directeur de l'hôtel Riadh à Sidi Fredj, affirme qu'il est prêt à relever d'autres défis car notre tourisme a de beaux jours devant lui. D'abord que peut-on dire de cette saison estivale pour votre établissement ? Disons qu'elle n'a pas été comme les autres années. Notre établissement n'a pas connu le même rush que les saisons précédentes. Le taux de remplissage a été en-deçà de nos espérances. Quelles en sont les raisons ? Trois raisons principales. La première est que beaucoup de nos clients pensaient que notre hôtel était réquisitionné pour les Jeux africains et, de ce fait, n'ont pas fait de réservation. La deuxième raison est liée aux taxes qu'il faudra certainement revoir. La troisième raison est d'ordre économique. Je m'explique : nos clients viennent particulièrement de l'étranger, nos émigrés pour la plupart, où alors du Sud du pays. De ce fait, le vacancier qui vient chez nous doit composer avec les tarifs des transports qui ont augmenté. La facture devient dès lors trop élevée d'où cette fuite vers les pays voisins. Là où l'on trouve un meilleur service aussi… Pas forcément. Il y a peut-être un meilleur environnement touristique, c'est vrai, mais il ne faut pas oublier que nous avons de bonnes infrastructures, un meilleur personnel et de meilleurs sites. Reste bien évidemment l'exploitation de toutes ces richesses qui nécessitent une meilleure attention. Je vous rappelle qu'il n'y a pas si longtemps, nos voisins tunisiens et marocains enviaient à en mourir nos infrastructures mais des circonstances malheureuses ont fait que notre produit a connu une régression. Une régression difficile à résorber... Avec une réelle politique touristique, on arrivera à refaire notre retard. J'en suis convaincu. Les potentialités existent dans notre pays, il suffit tout simplement de prendre à bras-le-corps ce secteur pour lui donner ses lettres de noblesse. Nous avons un beau pays, il faut saisir cette occasion que nous offre la nature et la mettre au service du tourisme. Un exemple : au hasard, construisons une ligne ferroviaire performante entre Alger et Ghardaïa et vous verrez le nombre de touristes qui vont affluer. Rapprochons la distance avec Timimoun ou El Ménéa, deux formidables villes, et vous aurez un résultat plus que probant. Tout un programme, quoi ... Il faut retrousser les manches car le retard est énorme. Mais je sais que l'on peut remonter la pente. J'ai 37 ans de service entre le secteur de la culture et le tourisme, je peux vous dire que cela est possible, voire obligatoire, car l'Algérien aujourd'hui a besoin d'un produit professionnel, il faut répondre à ses attentes... Au même moment, l'hôtel Riadh vient d'être cédé à une société libanaise. Ce n'est pas contradictoire. Du moment qu'il y a des sociétés qui peuvent apporter un plus en matière de gestion et d'investissements financiers, il n'y a aucun problème. Notre tourisme a besoin, entre autres, d'une trésorerie assez solide pour surmonter certaines entraves. Peut-on dire que vous êtes partant pour rehausser notre tourisme ? Je suis un commis de l'Etat qui veut servir son pays. Le tourisme m'a permis de connaître des gens formidables. J'ai travaillé avec des responsables qui ont beaucoup donné au secteur. Aujourd'hui, je suis prêt à relever d'autres défis. Je veux bien prendre un hôtel touristique en perte de vitesse pour le remettre sur les rails. C'est cela ma passion. Comment voyez-vous le tourisme national dans les années à venir ? Si les investissements se multiplient, si l'environnement se développe, il n'y a aucune raison de s'en inquiéter car le premier atout existe déjà. Nous avons un beau pays.