A Istanbul, capitale économique, une rue porte le nom de l'Algérie, ce pays que les Turcs évoquent avec beaucoup de respect et d'émotion. Cette rue symbole des liens historiques entre les deux nations est située dans le quartier dit Cukurcuma, en contrebas de la colline de Péra, dans la petite vallée qui sépare les quartiers de Cihangir et de Galatasaray. Pas loin de l'imposante place de Taksim, connue de tout le monde à Istanbul. Situé au sud de ladite place, le quartier était habité autrefois par la petite bourgeoisie latine d'Istanbul. Délaissé comme le reste de Péra pendant de longues années, le quartier a repris des couleurs et est devenu moderne depuis quelques années. On ne compte plus les restaurations des anciennes maisons. La rue d'Algérie n'a cependant d'algérien que le nom. Toutes les boutiques, les cafés, les restaurants et les hôtels portent des noms français… Ce qui fait oublier que cette rue porte bel et bien le nom d'un autre pays. D'ailleurs, aujourd'hui, elle a fini par porter de fait les deux noms. Elle est appelée à la fois rue d'Algérie et rue française. Les Français voulaient la récupérer de manière officielle, mais les autorités turques avaient opposé un niet catégorique. Cela n'a néanmoins pas empêché les restaurateurs de mettre le plan de la rue en face de la plaque portant le nom de l'Algérie, avec cette mention : « La Rue française ». La rue n'a absolument pas de particularité architecturale, malgré le coup de peinture frais. Une maison sur deux est peinte en jaune, l'autre en rose. Des géraniums rouges et blancs ornent les fenêtres de toutes les maisons et font penser à une petite ville allemande du bord du Rhin. Hormis cette rue, qui a suscité une polémique entre autorités algériennes et françaises, l'Algérie est quasiment absente du décor du reste de la ville et d'autres villes turques. On ne trouve ni restaurants, ni cafés, ni magasins, ni hôtels qui appartiennent à des Algériens. Dans les restaurants turcs, la cuisine algérienne est inexistante. Ni à Ankara ni à Istanbul. Ni ailleurs.