Comme tout a une fin et que les plus belles choses ne durent qu'un temps, de nombreux émigrés ont repris le chemin du retour vers leurs lieux de travail en Europe après avoir passé leur congé annuel de détente au pays au milieu de leurs familles dans leur pays d'origine. Le bateau pour les uns et la voie des airs pour les autres, les moyens de transport ont repris leur cargaison humaine pour la porter du Sud vers le nord. Ils ont été des dizaines de milliers à venir se ressourcer auprès des leurs mais, aussi, réaliser de bonnes affaires pour certains d'entre eux. Car, désormais, nos émigrés repartent chargés. Contrairement aux années passées, des pénuries, du contingentement et du monopole des importations de marchandises, le mouvement des produits de toutes sortes et en quantités respectables se fait de l'Algérie vers la rive Nord de la Méditerranée. La parité du dinar par rapport à la monnaie européenne a conduit les émigrés à profiter de leurs vacances pour faire leurs provisions au moindre coût. Il a été constaté que les magasins ont été littéralement pris d'assaut par des groupes d'émigrés, et notamment les bijouteries, de M'dina Jadida qui n'ont pas désempli. Autres temps, autres mœurs. L'avènement de l'économie de marché a complètement renversé les vapeurs. Ce ne sont plus les citoyens résidant en Algérie qui vont dans les supermarchés d'Europe pour s'équiper en électroménagers introuvables localement alors, mais leurs compatriotes vivant de l'autre côté de la mer qui viennent s'approvisionner au pays. Les émigrés, nous les avons rencontrés partout. Ils ont acheté de tout. Des bijoux aux fournitures scolaires en passant par les produits alimentaires, les vêtements, les chaussures, la literie, le mobilier et les tissus d'ameublement… Les véhicules qui, autrefois embarquaient vides à partir du port d'Oran, ploient maintenant sous le poids du chargement. « Moins cher que là-bas » Au cours de la fouille réglementaire des bagages, un douanier nous a fait part de son étonnement devant des découvertes qu'il a qualifié d' « ahurissantes » en ce qui concerne la variété et aussi la quantité importante des produits exportés. « Il est vrai qu'il n'est pas facile de résister devant des produits, identiques, qu'on trouve à Oran dix fois moins chers qu'à Marseille, Bordeaux ou Paris », a déclaré le même douanier. Au niveau de l'aéroport, certains voyageurs ayant largement dépassé le poids autorisé par personne, ont été contraints d'abandonner une partie de leurs achats aux proches qui les accompagnaient. Quoi qu'il en soit, par les dépenses qu'ils effectuent à Oran et ailleurs, les émigrés participent, d'une certaine manière, à l'économie de leur ville, et c'est tant mieux pour le commerce local.