Avec le lourd bilan humain de la série d'incendies ravageurs affectant plusieurs wilayas, c'est une nouvelle épreuve qui affecte la population algérienne, déjà éprouvée par les maladies moyenâgeuses apparues au milieu de l'été et par les pénuries et les hausses des prix des produits de base. C'est en même temps un autre défi qui est posé au gouvernement, celui de mettre en place une politique hardie de préservation — et de développement — du potentiel végétal du pays à travers la substitution aux dérisoires moyens traditionnels actuels des solutions technologiquement avancées. Mais force est de relever que la capacité gouvernementale de riposte aux crises n'est pas du niveau voulu, comme en témoigne son peu de présence sur le front social durant les mois écoulés et comme l'illustre bien la dernière intervention publique de son chef, Abdelaziz Belkhadem. Intervenant dans l'urgence, sous la poussée d'une conjoncture périlleuse, le chef du gouvernement a laissé sur sa faim une opinion publique lourdement déstabilisée par l'érosion de son pouvoir d'achat et profondément inquiète pour l'avenir (rentrée scolaire, Ramadhan, hiver). Confiné dans des généralités et le constat, son discours a laissé peu de place aux solutions concrètes et aux perspectives claires sur le moyen terme. Abdelaziz Belkhadem a laissé l'impression d'être dépassé par l'ampleur des difficultés que traverse le pays. Est-ce en raison de son profil d'idéologue et de politicien qui ne le prédispose pas à faire face, avec célérité et efficacité, aux questions économiques sociales qui dans le pays gagnent en ampleur et en complexité ? Ou alors est-ce le flou qui entoure sa fonction dont la Constitution dilue les responsabilités avec celles du président de la République ? Sur ce dernier chapitre, nombre de ses prédécesseurs ont eu à relever le hiatus et même croiser le fer avec le chef de l'Etat. La nouvelle Constitution — si la réforme est engagée un jour — devrait mettre un peu d'ordre dans la définition et l'articulation des responsabilités au sein du pouvoir mais le recours à un dispositif constitutionnel nouveau ne dispense pas d'une efficacité au sein de l'Exécutif. Mais pour ce faire, il faut que règne la cohésion politique et la compétence (des responsables) érigées en critère absolu. Mais au fil du temps, la cohésion politique s'est beaucoup effritée et a fini par ne s'identifier généralement qu'avec la personne du président de la République. L'implosion de l'Alliance présidentielle a conduit ses membres, le FLN , le RND et le MSP, à faire, chacun de son côté, cavalier seul et courir derrière des gains électoraux en mesure d'assurer une prééminence politique. Le séisme des législatives du 17 avril 2007 a accentué la débandade au sein de cette coalition et conduit les pouvoirs publics à prendre des initiatives contestées tel le nouveau régime électoral qu'un des leaders de l'opposition, Réda Malek, a sévèrement critiqué : « Inutilement restrictif, il portait atteinte au multipartisme. De circonstance, il ne servait pas l'intérêt général mais un groupe de partis qui ambitionne de monopoliser le champ politique. » Le passage chez le FLN, le RND et le MSP, de la défense du pouvoir incarné par le président Bouteflika, à la course au pouvoir, à leur seul profit, mine le fragile équilibre politique réalisé ces dernières années. La guerre entre ces trois partis gagnera en ampleur au fur et à mesure que se rapproche l'échéance de la présidentielle d'avril 2009. Reste à savoir ce que deviendront d'ici là les intérêts du citoyen.