Une délégation d'Amnesty International, organisation non gouvernementale de défense des droits humains dans le monde, se trouve actuellement à Alger. En attendant l'arrivée incessamment du chef de délégation, prévue ces jours-ci, cette délégation, composée de deux membres, s'emploie à recueillir le maximum d'informations et de données sur les grands dossiers en instance, notamment la question des disparitions forcées, la situation des droits de l'homme et des libertés et le mystérieux projet d'amnistie générale sur lequel cette ONG internationale, basée à Londres, s'est déjà exprimée non sans émettre des réserves. La mission a pris attache, ce week-end, avec plusieurs associations et ONG locales. Comme elle a rencontré plusieurs familles de disparus aussi bien à Alger qu'à l'intérieur du pays. D'autres rencontres sont prévues avec des représentants de l'Etat, notamment Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'homme (CNCPPDH). Les associations des familles des disparus accueillent positivement la venue d'une mission d'Amnesty International en Algérie et comptent beaucoup sur son soutien et sa contribution en vue de voir leurs doléances prises en considération par les pouvoirs publics. L'Association des familles des disparus (ANFD) et SOS Disparus trouvent que cette « visite » de l'une des plus vieilles ONG internationales (créée en 1961 et présentante dans plusieurs capitales du monde) est d'un grand apport pour leur « cause commune », à savoir connaître la vérité sur le sort de ces milliers de disparus durant la décennie rouge. Pour Somoud, association des familles des victimes enlevées par les terroristes - deuxième catégorie de disparus -, « Amnesty International à Alger est une bonne chose ». Seulement, Ali Lemrabet, président de cette association, regrette que les autorités algériennes apprennent les craintes et les doléances des familles des disparus de la bouche d'une ONG internationale et non pas des représentants d'associations locales. « Nous avons essayé d'ouvrir ce dossier avec les autorités officielles et émettre nos propositions, sans y parvenir. Et maintenant, elles vont apprendre tout cela par le biais d'Amnesty International. C'est désolant », a-t-il lâché avec beaucoup de regrets. Le président de Somoud annonce également l'élaboration d'un rapport commun par l'ensemble des associations des familles des disparus qui sera remis à Amnesty International. Une lettre ouverte a été également rédigée et sera adressée, à l'occasion, aux hauts responsables du pays. Elle contient la liste des exigences des familles des disparus et des solutions à cet épineux problème. Les associations des familles des disparus réclament toujours le contenu du rapport élaboré par le président de la commission ad hoc et remis au chef de l'Etat le 31 mars dernier. Ce rapport est classé confidentiel et rien n'a filtré, un mois après, sur son contenu. Les représentants des familles concernées ne comprennent pas toujours pourquoi le président de la République ne les a pas reçus malgré les demandes et sollicitations qui lui ont été adressées. Le président de SOS Disparus, tout en espérant que la rencontre de la délégation d'Amnesty avec des officiels algériens sera d'une grande portée, déplore le fait qu'aucun haut responsable du pays n'a daigné les écouter pour les comprendre. Somoud a engagé une série de rencontres avec les partis politiques en vue de les éclairer sur la question des disparus et leur position sur l'amnistie générale qui se résume en cette phrase : « Pas d'amnistie sans justice et vérité. » Les responsables de cette association ont rencontré jusqu'à présent les chefs de trois formations politiques, à savoir Bouguerra Soltani du Mouvement pour la société et la paix, Abdallah Djaballah d'El Islah et Moussa Touati du Front national algérien.