La désertification est au centre d'une réunion internationale ouverte hier à Madrid sous les auspices des Nations unies et du gouvernement espagnol. S'étalant du 3 au 14 septembre, cette conférence, huitième du genre, est une halte devant alerter l'opinion internationale sur les dangers du phénomène de la désertification qui grignote des espaces de plus en plus grands et menace un tiers de l'humanité. Un plan quinquennal de lutte contre la désertification sera proposé à l'approbation des participants qui sont au nombre de 2000, venus de 191 pays signataires de la convention des Nations unies pour la lutte contre ce danger de l'heure. Adoptée à Paris en 1994, cette convention se verra soumise à des modifications à la lumière des discussions entourant le plan décennal devant venir à bout de la désertification. Le prince Felip d'Espagne, qui a procédé à l'ouverture de la réunion de Madrid au Palais des congrès, a tenu à souligner le caractère néfaste et dévastateur de l'avancée du désert, la plaçant comme un des plus grands défis auxquels l'humanité est confrontée. « Nous ne devons pas oublier que l'impact de la désertification est ressenti non seulement dans les zones où elle se produit, mais aussi dans des régions bien plus lointaines », a noté le prince en mettant l'accent sur les conséquences de ce phénomène sur l'environnement, l'économie et les migrations des populations. Le choix de la capitale espagnole pour abriter cette conférence internationale n'est pas fortuit puisque ce pays de l'Europe du sud se voit menacé par la progression du désert, ce qui en fait l'un des pays d'Europe les plus vulnérables. Plus du tiers du territoire ibérique court « un risque significatif de désertification, notamment le Sud-Est rural et l'archipel des Canaries, situé dans l'Atlantique face au Maroc ». Outre cette menace directe du désert, l'Espagne subit aussi de par sa situation géographique un des effets indirects de la désertification qui est l'émigration originaire de pays du Sahel, tels le Sénégal et le Mali. A noter que selon un rapport de l'Organisation des Nations unies, l'Afrique subsaharienne et l'Asie centrale sont les régions les plus menacées du globe devant une poussée désertique qui n'épargne aucun continent. 65 milliards de dollars est le chiffre effarant des pertes économiques engendrées annuellement par la dégradation des sols. Agissant sur l'économie des pays, le désert cause avec acuité différents problèmes liés aux droits de l'homme, à savoir la pauvreté, l'inégalité, la faim et le désespoir, comme souligné par Cristina Narbona, ministre espagnole de l'Environnement. Il est à signaler, par ailleurs, que la conférence qu'abrite le Palais des congrès à Madrid accueille quelque 800 organisations non gouvernementales invitées au même titre que les organismes gouvernementaux à apporter leur pierre à l'édification d'une synergie entre les différents accords internationaux traitant du changement climatique, de la biodiversité et de la désertification. Ministres et parlementaires s'assiéront les 12 et 13 du mois en cours autour d'une table de discussions pour faire émerger une vision commune et prospective de lutte contre l'avancée du désert. Une déclaration rehaussera les travaux de la conférence qui doivent prendre fin le 14 septembre.