De par l'implication de certains intouchables, la fraude généralisée qui, le 5 octobre 2004, avait caractérisé le déroulement des épreuves du concours de magistère à la faculté des sciences politiques Sidi Achour de l'université Badji Mokhtar de Annaba, pourrait atteindre l'allure d'un grand scandale. Plusieurs centaines de postulants y avaient pris place dans l'espoir d'être parmi les 15 lauréats à l'accès en première année de magistère. Tout paraissait couler de source jusqu'au jour où une des candidates, apparemment non avertie, révèle que lors des examens, certains candidats ne s'étaient pas privés « de travailler » sur un corrigé type des épreuves. De fil en aiguille, d'autres s'étaient rappelés le comportement de ces candidats qui ne s'étaient même pas donné la peine de sauver les apparences en remettant leur copie d'examen quelques minutes à peine après leur arrivée. Avertis de ces faits, le vice-recteur chargé de la post-graduation déclencha une enquête préliminaire. Elle a abouti à la confirmation de la fraude. Comme premières mesures, il décida de l'annulation de l'opération de correction et la programmation des mêmes épreuves pour le 16 de ce mois. Aucune enquête approfondie pour déterminer les responsabilités dans la fuite du corrigé type n'avait été prise. Ce qui n'a pas été du goût de la majorité des enseignants qui ont réagi en provoquant leur assemblée générale pour, ont-ils précisé, « condamner cette fraude et sauvegarder la probité intellectuelle de notre institution ». Pour marquer leur détermination dans leur démarche, les enseignants ont décidé de ne pas participer à la surveillance et à la correction des épreuves du 16 novembre. Leur position est approuvée par bon nombre de candidats à l'accès au magistère dont Mostefa B. qui a déclaré : « Nous estimons nécessaire que l'auteur de cette fraude soit dénoncé et sévèrement sanctionné. Il n'est pas normal que nous avons travaillé avec nos enseignants pour maîtriser un savoir qui devait nous permettre d'aborder les épreuves d'accès au magistère dans de bonnes conditions. Nous avons cru que les chances étaient égales pour tous dans une course à laquelle ont pris part plus de 1500 postulants pour 15 places. » Cette affaire, qui n'en finit pas de faire parler d'elle tant dans le milieu estudiantin que sur la place publique, semble énormément gêner les responsables de l'université Badji Mokhtar. D'autant qu'une autre affaire de fraude avait été relevée au niveau de la faculté de droit. Des sources dignes de foi ont affirmé que l'épouse d'un des responsables de cette faculté aurait bénéficié de toutes les facilités pour concourir et réussir son accès en première année de magistère. Des preuves matérielles ayant été produites, l'annulation des résultats a été prononcée. Une date aurait été même avancée pour une seconde programmation des épreuves. Ces deux affaires comme celle relative aux dossiers de demande de transfert égarés des étudiants en chirurgie dentaire atteints de maladie chronique désireux un transfert de leur dossier vers une université adaptée à leur état de santé, empoisonnent l'ambiance bien délétère de l'université Badji Mokhtar de Annaba. Nos maintes tentatives d'en savoir plus auprès de Mohamed Tayeb Laskri, recteur de cette université, ont butté sur la même réponse de sa sécrétaire : « Le recteur est absent, le recteur est en réunion, le recteur est en tournée dans les services. » Du côté de la faculté de médecine concernée par les dossiers de demande de transfert des étudiants, l'on nous a orientés sur un certain Bouaziz introuvable et, selon le rectorat, inconnu à l'université. Au moment où à la direction de la pédagogie et des inscriptions on s'est limité à mentionner succinctement : « Le dossier a été égaré et n'a pas été transmis à la CRUE du 30.08.04 », à la résidence universitaire du Pont blanc, une étudiante atteinte d'un asthme chronique voit son état de santé se détériorer chaque jour un peu plus.