A 50 ans, Ahmed Bouziane est auteur prolifique au verbe acéré, qui a fait sa notoriété et déjà accumulé quinze années d'expérience dans la poésie. Catalogué comme poète rebelle, Bouziane, en dépit de son air débonnaire, n'en cache pas moins cet esprit critique mais versatile qui fait son étrangeté. Sa poésie, qui véhicule à la fois la violence et la colère mais aussi la douceur et la mélancolie, est puisée d'une thématique bien atypique. Dans son « Diwan », son dernier recueil, les poèmes recouvrent toute la diversité des expériences vécues et des sentiments humains refoulés. Des poèmes exprimés dans un contexte romanesque susceptible de procurer aux lecteurs et à l'auditoire un certain plaisir esthétique. Edités sous forme d'une nouvelle cassette, doublée d'un petit livre de poche, dans les onze long poèmes comme « Ghafoua », « le Liban », « Lettre à Attalah d'el Fhama »…, Bouziane déroge quelque peu aux lois habituelles de la syntaxe et enveloppe son discours moins univoque pour tenter de susciter des interprétations fécondes en images d'ailleurs. Un zest narcissique, Bouziane ouvre donc son cœur pour parler d'amour et de ses secrets, de son expérience de la vie, de son village natal, de l'honneur de la tribu, de sa ville et de ceux enfin qu'il aime ou qu'il hait. Bien enracinées dans le genre « Melhoun », les quacidates du poète, qui se dit « aigri par les forfaitures », sont empreintes de sagesses du terroir. Fasciné par les chouyoukhs, Bouziane dit, entre autres, « J'ai parcouru le monde, j'ai attendu le destin et ma tête en a pris un sacré coup ». « J'ai erré et ma poésie m'a pris ». Une possession qui ne semble qu'à ses débuts et c'est même de bon augure pour le nouveau chevalier du Sersou.