Pour la troisième fois depuis le 6 août 2007, le président palestinien Mahmoud Abbas, attaché à une solution négociée du conflit avec Israël, a rencontré lundi le Premier ministre de l'Etat hébreu Ehoud Olmert, dans sa résidence située dans la partie ouest de la ville sainte d'Al Qods, en vue de préparer la réunion internationale prévue en novembre prochain à Washington, comme le veut le président américain George W. Bush. Ghaza : De notre correspondant Le Premier ministre palestinien Salam Fayad a participé à une partie des entretiens qui ont duré pendant trois heures. Cette fois, les choses semblent aller un peu plus au fond des problèmes existants entre les deux parties puisque les deux hommes ont annoncé la création d'une commission mixte chargée de parvenir à un accord de principe sur les grandes lignes d'un règlement du conflit israélo-palestinien, basé sur deux Etats indépendants. « Nous soulignons notre engagement envers une solution basée sur deux Etats (israélien et palestinien) vivant côte à côte en paix et en sécurité », ont déclaré les deux dirigeants dans un communiqué commun. Selon des sources israéliennes, les deux hommes ont convenu de se rencontrer de nouveau avant le départ du président palestinien à New York pour participer à l'assemblée générale de l'ONU durant la dernière semaine de septembre. Pour Nimer Hammad, conseiller du président Abbas, le succès de la réunion internationale dépendrait de la conclusion préalable d'un accord israélo-palestinien sur les principaux points de litige. « J'espère que le président Abbas et M. Olmert vont commencer à rédiger une première ébauche portant sur les principaux points d'un accord », a déclaré Hammad avant le début du sommet. « L'Autorité palestinienne veut un accord clair, avec un calendrier de mise en œuvre, sur toutes les questions liées au statut définitif des territoires palestiniens », a-t-il ajouté. « Un projet d'accord doit être conclu avant la conférence internationale prévue en novembre. Il doit porter notamment sur la nature de l'Etat palestinien, ses frontières ainsi que sur le sort des réfugiés, de la partie est de la ville d'Al Qods et des ressources en eau », selon lui. Sans un tel accord, la réunion internationale « a peu de chances de réussir », a-t-il prévenu. Les observateurs ainsi que la rue palestinienne sont plutôt pessimistes quant à une percée sérieuse dans le processus de paix paralysé pour ne pas dire mort et enterré depuis le déclenchement de l'intifadha d'Al Aqsa en septembre 2000. Ils justifient cette opinion par le fait que les trois principaux acteurs se trouvent actuellement dans des positions non enviables. le président américain a lancé ses troupes dans le bourbier irakien où elles ont cumulé des échecs successifs, ce qui lui a valu la colère de ses concitoyens qui ne voient plus en lui l'homme capable de conduire le navire américain à bon port. Le Premier ministre israélien a lui aussi perdu beaucoup de sa popularité suite à ce qui a été qualifié de cuisante défaite face au Hezbollah libanais durant la guerre du Liban de l'été 2006 et n'ayant la carrure ni de Rabin, ni de Sharon, ne paraît pas l'homme capable de régler un conflit qui dure depuis plus de 60 ans. Quant au président palestinien, il a lui même reconnu à maintes reprises que le coup d'Etat militaire effectué par le mouvement islamiste Hamas dans la bande de Ghaza, où il ne possède plus une autorité effective, a fait reculer la question palestinienne des dizaines d'années en arrière. La profonde déchirure géopolitique qui sévit actuellement dans les rangs palestiniens les affaiblit comme jamais auparavant. Même les promesses faites à Abbas par Olmert, au cours de leur rencontre, de libérer un nombre de Palestiniens et de lever certains barrages militaires qui entravent durement le cours de vie normal des citoyens de la Cisjordanie, paraissent aujourd'hui difficiles à réaliser après l'explosion, hier avant l'aube, d'une roquette palestinienne artisanale qui a fait soixante neuf blessés, tous des soldats et des soldates, atteints par des éclats durant leur sommeil, sous des tentes, dans une base militaire, au sud de la ville d'Ashkelon. Une vingtaine d'ambulances ainsi que deux hélicoptères ont évacué les soldats et soldates blessés. Saraya Al Qods, la branche armée du Djihad islamique, un autre mouvement radical palestinien a revendiqué cette attaque particulièrement réussie. Selon un bilan établi par le porte-parole de l'armée, un des soldats est dans un état « critique », deux ont été grièvement blessés, tandis que sept autres ont été moins gravement atteints, les autres militaires ayant été légèrement atteints. Le Djihad islamique a baptisé cette attaque « Aurore de la victoire », a affirmé hier matin lors d'une conférence de presse à Ghaza un chef du groupe, Abou Hamzah, le visage masqué. « La résistance est l'unique alternative pour recouvrer nos droits et libérer nos lieux saints », a-t-il ajouté avertissant Israël de ne pas se livrer à « un acte stupide » en attaquant la bande de Ghaza. Peu après l'attaque, quatre membres d'une famille palestinienne, dont deux enfants, avaient été blessés par l'explosion d'un obus de char israélien à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Ghaza, a-t-on indiqué de sources hospitalières. Ainsi et comme d'habitude dans cette région de fortes turbulences, un jour on parle de perspectives de paix et le lendemain il n'est plus question que de guerre. Olmert a entamé mardi matin des consultations avec plusieurs ministres dont celui de la Défense, Ehoud Barak, ainsi qu'avec des membres de l'état-major, en vue d'éventuelles représailles. La radio israélienne a fait état de pressions croissantes de membres du gouvernement en faveur d'opérations militaires et de punitions collectives, lesquelles pourraient prendre la forme de coupures (encore) d'électricité et d'approvisionnement en eau et en carburants de la bande de Ghaza. Eli Yishaï, ministre du Commerce et de l'Industrie et dirigeant politique du parti ultraorthodoxe Shass, a appelé à la suite de cette attaque au report de la réunion internationale sur le Proche-Orient dont il était question dans les entretiens entre Abbas et Olmert un jour auparavant.