Gagner le plus de temps possible semble être la véritable stratégie du gouvernement israélien dans ses « discussions de paix » avec les Palestiniens. Déclarer qu'une avancée notable a été enregistrée lors de la dernière réunion entre le président Abbas et le Premier ministre israélien Ehoud Olmert, lundi, à Jérusalem ouest, sur le tracé des frontières du futur Etat palestinien n'est qu'un leurre, un de plus de la part des Israéliens. Aux déclarations israéliennes assurant que les négociations de paix progressent au point qu'on discute des tracés de frontières du futur Etat palestinien, Nabil Abou Rodeina, conseiller du président Mahmoud Abbas, a déclaré que les positions à ce sujet demeurent très éloignées. Le but d'un tel mensonge ne vise pas les Palestiniens qui sont au courant de ce qui se passe exactement, mais plutôt la communauté internationale ou ce qu'il en reste. De telles déclarations ne représentent qu'une sorte d'anesthésie temporaire qu'Israël administre aussi bien à ses alliés qu'à ses ennemis. Une fois l'effet de cet anesthésique estompé, la machine propagandiste de l'Etat hébreu en trouvera d'autres. Si les Israéliens voient qu'ils ne peuvent plus continuer sur la même voie avec l'équipe au pouvoir, ils sont capables de mettre au point pour une raison ou une autre des élections anticipées, changer de négociateurs et revenir au point zéro, au niveau des discussions, alors que se poursuit sur le terrain la politique du fait accompli, et ainsi de suite jusqu'au moment où il ne restera plus rien à négocier. Si les Israéliens voient qu'ils sont acculés au niveau des pourparlers de paix, ils peuvent facilement les troubler en commettant un massacre ici et là, ou même en jouant sur les divisions interpalestiniennes, comme c'est le cas aujourd'hui, entre le mouvement Hamas qui s'est emparé de force de la bande de Ghaza depuis l'été dernier, et le mouvement Fatah dirigé par le président Abbas. Ce jour semble très proche avec l'extension sans précèdent de la colonisation en Cisjordanie occupée, la judaïsation de la ville sainte d'El Qods qui avance très rapidement et l'achèvement proche de la construction du mur de séparation raciste qui vise à boucler les Palestiniens dans des bantoustans isolés. A ce moment là, les Israéliens viendront eux-mêmes aux Palestiniens ainsi qu'au reste du monde et diront : Aujourd'hui, les Palestiniens peuvent créer leur entité, sur la portion de terre que « nous » leur laissons (moins de 50% de la Cisjordanie occupée, l'étroite enclave surpeuplée, la bande de Ghaza, sans la ville sainte d'El Qods). Ils peuvent l'appeler Etat indépendant, royaume ou même empire, peu importe. Ce jour-là, Israël aurait dans les faits et sur le terrain mis un frein définitif à un rêve de tout un peuple qui dure depuis 60 ans, celui de créer un véritable Etat indépendant et souverain avec la ville sainte comme capitale et un retour des réfugiés dans leur terre et dans leur foyer. Un Etat qui dispose d'une continuité territoriale comme partout dans le monde. Il faut tout de même souligner que sans une complicité totale des Etats-Unis et de leur président, l'Etat hébreu serait incapable de poursuivre cette politique mensongère. Il est vrai que George Bush est le premier président américain à parler de la nécessite de créer un Etat palestinien aux côtés d'Israël, mais il faut dire qu'il n'en a jamais fait la description ni évoqué les contours. Sans vouloir avoir l'air d'être empreint de la théorie du complot, plus le temps passe et plus le président américain semble trempé jusqu'au cou dans tout ce que manigancent les responsables israéliens. Ce drame palestinien, qui semble dépasser ce peuple qui n'a jamais abdiqué et qui ne le fera jamais, quels que soient les sacrifices, n'aurait pu s'éterniser de la sorte si le monde arabe, l'allié naturel de ce peuple combattant, savait au moins défendre ses intérêts, pas ceux de ses dirigeants. Faut-il attendre que le salut vienne de l'Iran qui continue à aiguiser sérieusement ses forces afin qu,e le moment venu, il puisse faire mal à Israël, non pas pour les beaux yeux des Palestiniens mais dans la perspective d'une guerre, à l'image de celle contre l'Irak, qui a anéanti toutes les potentialités de ce pays arabe, que le président Bush pourrait offrir en guise de loyauté à Israël avant de quitter la Maison-Blanche à la fin de l'année. Divisés, ne donnant plus l'impression de jouer les premiers rôles, les Palestiniens pourraient tout perdre, sauf s'ils reprennent le-dessus sur eux-mêmes, seule condition pour redevenir une pièce essentielle dans ce jeu à très haut risque.