Le Liban approche d'un de ces moments de vérité qui le caractérisent. Il s'agit de l'élection présidentielle, le mandat du président sortant, Emile Lahoud, même prolongé et de manière fortement contesté, arrivant à son terme. Le rendez-vous a donc été pris pour le 25 de ce mois, par le président de la chambre des députés qui doit procéder à cette opération, le chef de l'Etat au Liban étant élu au suffrage indirect. Voilà donc pour la forme, ou plus simplement ce qui tient lieu de la procédure. Ce qui ne veut pas dire, dans le contexte de la crise politique au Liban, que l'échéance sera respectée, et que le pays tournera enfin, la page d'un épisode de son histoire. Un bien triste épisode marqué par une série d'assassinats politiques, dont celui de l'ancien premier ministre Rafic Hariri, mais aussi du retrait de l'armée syrienne après trente années de présence. Mais les clivages n'ont jamais été aussi nombreux avec une majorité parlementaire qui se dit souverainiste, indépendante, et plus encore antisyrienne. Tout cela, théoriquement, par opposition à l'opposition que l'on dit alignée sur la Syrie et même l'Iran. Ceci étant, aucune candidature n'a jusque-là émergé, malgré le nombre supposé, en attendant qu'il soit déclaré et l'on assiste même, à des frictions. A cet égard, le président du Parlement et un des chefs de l'opposition, Nabih Berri, a mis en garde contre le « chaos », si la majorité au pouvoir rejetait son offre de compromis pour sortir le pays de la crise politique. « Ma proposition constitue la dernière chance pour résoudre la crise politique, permettre la tenue de l'élection présidentielle et éviter un éventuel chaos au Liban », a déclaré M. Berri. « Je veux entendre l'autre camp (la majorité) déclarer son soutien total à l'initiative sans aucun ‘'mais'' », a-t-il ajouté. M. Berri a annoncé, le 31 août, que l'opposition était prête à renoncer à sa demande de gouvernement d'union nationale, si l'ensemble des forces libanaises se mettaient d'accord sur le nom d'un candidat à la présidentielle. La majorité ne s'est pas encore prononcée sur cette initiative. M. Berri a officiellement convoqué mercredi dernier, l'Assemblée pour le 25 septembre, en vue de l'élection du président. Cette élection par le Parlement du nouveau chef de l'Etat doit intervenir dans les deux mois précédant la fin du mandat de l'actuel président Emile Lahoud, soit entre le 25 septembre et le 24 novembre. La crise actuelle au Liban, la plus grave depuis la guerre civile de 1975-1990, a éclaté en novembre 2006, avec la démission des ministres de l'opposition. Elle s'est exacerbée à l'approche de la présidentielle. « C'est la dernière chose que nous pouvons offrir à l'autre camp avant la présidentielle », a souligné M. Berri. « Je peux retirer ma proposition, mais veulent-ils que nous revenions à notre exigence d'un gouvernement d'union nationale ? », a demandé le président du Parlement. Le général Michel Aoun, chef de l'opposition chrétienne, a averti le 5 septembre du risque d'« explosion » si la majorité n'acceptait pas de faire un « compromis » avec l'opposition sur la présidentielle. M. Aoun qui est aussi lié au Hezbollah par un accord, a démenti par ses positions toutes les classifications en cours dans ce pays, lui, qui avait été chassé du pouvoir par l'armée syrienne, qu'il croyait pouvoir combattre. Il fut contraint à l'exil. A sa manière il casse certains clichés, et cela lui vaut bien entendu, de bien nombreuses accusations, dont celle de vouloir diviser sa propre communauté, rien que pour accéder à la magistrature suprême.