Le président libanais prosyrien Emile Lahoud a rejeté l'appel à la démission de son Premier ministre Fouad Siniora, qui bénéficie de l'appui d'une majorité parlementaire antisyrienne. Rien ne justifie que Lahoud présente sa démission, a affirmé un communiqué de la présidence publié à Beyrouth, soulignant que la démission d'un président de la République a ses raisons et son mécanisme défini par la Constitution : la haute trahison et la violation de la Constitution. Selon le communiqué, Lahoud restera en poste jusqu'à l'expiration de son mandat, en novembre 2007. Siniora, placé par le fils Hariri, grand vainqueur des dernières législatives, dans une interview jeudi au Washington Post, a estimé que Lahoud devrait démissionner après l'arrestation de hauts responsables sécuritaires de son entourage dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais en février dernier à Beyrouth. Aux yeux de la majorité parlementaire, le président avait été imposé par la Syrie qui, avant le départ de ses troupes en avril dernier du Liban, avait exercé pendant 15 ans une influence sans partage chez son petit voisin. La Syrie a imposé en septembre 2004 une prorogation de trois ans du mandat de Lahoud, malgré l'opposition de la communauté internationale et des partis d'opposition, à la suite d'un amendement de la Constitution. Cette décision devait provoquer une crise politique qui avait culminé avec l'assassinat de Rafic Hariri. Au début du mois en cours, quatre hauts responsables sécuritaires libanais, parmi lesquels le général Moustapha Hamdane, chef de la garde présidentielle et homme de confiance de Lahoud, ont été arrêtés dans le cadre de l'enquête de l'Onu dont l'équipe doit rentrer sous peu à Beyrouth pour rendre compte à son chef Detlev Mehlis des résultats de sa mission à Damas. L'Onu se refuse pour l'heure à identifier les responsables syriens interrogés par la commission. Contesté au Liban, Lahoud a pris la mesure de son isolement sur la scène internationale lors du sommet de l'ONU. Il a été boudé par tous les chefs d'Etat, à l'exception du président iranien, alors que son chef du gouvernement accompagné par le fils de Hariri, Saâd, député de Beyrouth, ont vu se déployer sous leurs pieds le tapis rouge dans l'hémicycle de l'organisation mondiale. Les dirigeants occidentaux et même de pays arabes ont assuré les héritiers de Hariri de leur soutien. Une conférence internationale sur le Liban aura lieu d'ici la fin de l'année à Beyrouth, à la demande de Siniora. Les jours de Lahoud sont comptés D. B.