C'est sans doute la première fois, depuis de longues années, que le Ramadhan s'annonce sans changements majeurs par rapport à la hausse des prix de la mercuriale. Le constat peut paraître bizarre, tant les débuts de Ramadhan et parfois bien avant, on enregistrait des augmentations allant parfois au triple du prix initial de quelques denrées alimentaires que l'on croit nécessaire pour un déroulement du mois sacré sans accroc, côté cuisine bien sûr. Néanmoins, la frénésie habituelle qui caractérise les consommateurs est bien présente.La tomate, qui jouait la diva à chaque annonce du croissant lunaire, n'est plus ces jours-ci qu'un légume, pardon un fruit, parmi tant d'autres, se négociant entre 20 et 40 DA, pour celle de premier choix. La pomme de terre, aliment royal depuis quelques mois, oscille entre 55 et 60 DA avec l'importation du plus célèbre des tubercules, mais reste au sommet du top ten, quand il s'agit de cherté de la vie. Le même constat peut être fait pour la totalité des autres légumes qui, même si la fourchette des prix n'a pas clignoté à la baisse depuis longtemps, ont atteint des cimes insoupçonnées bien avant le Ramadhan. Il reste que la courgette, pourtant facultative dans les mets constantinois lors du Ramadhan, qui avait atteint les 160 DA les années passées, n'est « plus » qu'à 70 DA. Côté fruits, il faut dire que la pastèque a cassé les prix des produits qui devenaient inaccessibles pratiquement pour tous, comme les nectarines et les pêches à plus de 200 DA, et les poires à plus de 150 DA. La pastèque a donc rabattu le caquet de ses autres « compagnes », et la plupart des fruits ont vu leur prix baisser, notamment depuis le début du mois. Cette tendance à la « sagesse » serait « la conséquence de la baisse des prix de gros au niveau du marché de gros de Chelghoum Laïd, et aussi au fait que les prix ont été en constante progression à la hausse durant toute l'année, aussi il fallait que ça se stabilise à un moment ou à un autre », comme devait nous l'expliquer un négociant en fruits et légumes au marché Bettou, bien que les prix affichés ne soient toujours pas à la portée du salarié moyen. Les viandes rouges, qui n'ont pas subi de grands bouleversements cette année, connaissent de légères hausses, évaluées à environ 15 DA, puisque aussi bien le veau que l'agneau ne dépasse guère les 520 DA le kilo. Á Souika, les bouchers ont fait nettement mieux en proposant de la viande d'agneau à 350 DA, sans que l'on puisse la contrôler et qui pourrait provenir, et cela ne serait pas la première fois, d'abattages clandestins. Le seul bémol à ce tableau, presque idyllique, provient des viandes blanches qui font encore des leurs, car le poulet s'affiche à plus de 230 DA, coincé entre des escalopes de dinde à 450 DA et ses abats à presque 500 DA. Il reste qu'à quelques heures du début des « hostilités » avec le jeûne, la mercuriale a quand même réussi à faire des folies pour le prix des céleri, coriandre, persil et autres plantes potagères, sans oublier la nécessaire « khetfa » qui a grimpé à 50 DA la douzaine.