Les desseins mercantiles d'une engeance de commerçants sans scrupules se sont vérifiés, une fois de plus hélas, en ce début de Ramadhan qui s'annonce douloureux pour de larges pans de la société. A vrai dire, la saignée à blanc a commencé à se manifester en tout début de semaine avec une hausse relative constatée au niveau des principaux marchés publics, dans la plupart des villes de la wilaya de Mila. En effet, la couleur en a été annoncée prématurément, puisque la mémoire visuelle aura relevé à loisir que les produits de première nécessité ont subitement été revus à la hausse, dans la fourchette des 25% à 30% et même au-delà. La mercuriale a certes pris son envol, mais les prix diffèrent d'une région à une autre ; que l'on soit dans les grandes agglomérations où, généralement, les prix pratiqués sont excessivement chers par rapport aux commerçants des petites entités rurales qui affichent des tarifs globalement abordables. Mais, grosso modo, la tendance est plutôt à la hausse. Preuve en est que la pomme de terre, qui s'est stabilisée de longues semaines aux alentours des 20 DA, est à présent cédée à 25 et 30 DA. La carotte, la salade verte et la courgette sont proposées respectivement à 30, 60 et 70 DA. Une entrée en matière fracassante qui a sonné le glas des bourses faibles et moyennes. Et ce n'est pas tout, dès lors que la valse effrénée des prix a bien entendu mis la puce à l'oreille des habituels démons de la spéculation outrancière, les marchands de volaille et les bouchers, en l'occurrence, qui n'ont pas crié gare pour mettre leur grain de sel dans cette partition infernale et saigner à blanc des pères de famille déroutés par cette fâcheuse tournure des événements. Jeûne oblige, les consommateurs, désemparés et affligés devant les augmentations dressées en épingle aux frontons des étals et des commerces de viandes rouge et blanche, achètent, la mort dans l'âme, la viande ovine à 600 et 620 DA. Le poulet évidé et la dinde ne sont pas en reste, étant donné qu'ils sont allégrement passés dans l'ordre de 150 et 230 DA à 200 et 280 DA. Cette frénésie spéculative persistera, selon l'avis de commerçants avisés, durant la première décade de Ramadhan, avant le retour progressif à la normale. De larges pans de la population défavorisée se rabattent sur le congelé, les abats et les boyaux pour assaisonner leur soupe. Le mois de la piété, de la tolérance et de la rahma n'a pas la même saveur pour les jeûneurs et est, à l'évidence, différemment apprécié par la communauté musulmane.