L'Algérie est au cœur d'un continent fortement menacé par les effets dévastateurs de la désertification. Avec ses 4/5e d'espace recouverts de désert, l'Algérie compte aussi 32 millions d'hectares présahariens et steppiques situés dans la partie nord du pays qui sont exposés au danger de la désertification, alors que des zones montagneuses, soit 12 millions d'hectares, sont sujettes à l'érosion hydrique des sols. Seuls 3% de la surface du pays, soit 8,5 millions d'hectares, sont loin d'être menacés par la poussée désertique. Outre la sécheresse causée par les changements climatiques, d'autres facteurs entrent aussi en jeu dans l'aggravation de l'état des sols, tels la déforestation, les incendies de forêt, les pratiques culturales non adaptées ainsi que les invasions acridiennes. C'est là le tableau brossé à la 8e Conférence des Nations unies sur la lutte contre la désertification par le ministère de l'Agriculture sur l'état du phénomène de la désertification. Le secrétaire général du ministère de l'Agriculture, Abdesselam Chelghoum, présidant la délégation algérienne, a tenu à mettre en avant dans son allocution que l'Algérie « a choisi la voie de l'action, car ce phénomène non combattu influe gravement sur la sécurité alimentaire du pays ». Il énumérera ainsi les différentes actions entreprises depuis 1962 en s'arrêtant sur le Plan national de développement agricole et rural (PNDRA) qui, depuis l'année 2000, a injecté 360 milliards de dinars, soit 5 milliards de dollars, pour lutter contre la désertification. Cette enveloppe importante a été répartie en fonction des différents programmes de développement agricole qui intègrent la lutte contre la désertification, à savoir le programme de reconversion des cultures, le programme de reboisement, le programme de mise en valeur des terres par la concession et le programme de protection de la steppe. A travers le programme de reboisement, qui n'est pas le seul paravent contre l'avancée du désert, l'objectif à atteindre est celui d'arriver à planter en vingt années une superficie de 1 245 000 ha et faire passer le taux de boisement de 11 à 13% en 2020, en permettant la création de 500 000 emplois. M. Chelghoum nous informe que l'Algérie est passée cette année à 60 000 ha de reboisement dans des zones assez fragiles. Evoquant les autres programmes de développement, notre interlocuteur estime à plus de 500 000 ha mis en valeur contre une mise en défens dans la région de la steppe de plus de 2 millions d'hectares. Le programme de reconversion a quant à lui favorisé la culture de la céréale dans des zones considérées comme potentiellement portantes, et prévoit aussi le développement de l'oléiculture de Oued Souf jusqu'à Béchar avec la plantation de 500 000 ha pour arriver à un potentiel national de 850 000 ha contre 300 000 ha aujourd'hui. « On est encore loin de nos voisins immédiats, notamment la Tunisie, qui a atteint 1,5 million d'hectares. Mais nous œuvrons à développer nos capacités », note M. Chelghoum. L'Algérie propose la décennie 2010-2020 comme celle des déserts et de la désertification. Après avoir fait adopter par le conseil d'administration du forum ministériel mondial de l'environnement un projet de recommandations à l'assemblée générale des Nations unies pour proclamer la décennie 2010-2020 comme décennie des déserts et de la lutte contre la désertification, l'Algérie réédite la même proposition à la huitième COP. Alors que le comité africain a fait sienne cette proposition dans les recommandations qu'il a émises à la conférence des parties, des pays arabes comme l'Egypte, la Mauritanie et la Jordanie ont accordé leur veto à l'initiative algérienne.