Il y a un déphasage dans ce que recommande l'Islam et ce qui est pratiqué aujourd'hui dans le monde musulman », a regretté, samedi à l'hôtel Sofitel, le directeur de l'orientation au ministère des Affaires religieuses, Aïssa Mohamed, lors d'une conférence-débat organisée sous le thème « L'Islam et l'incitation au savoir » par la fondation Friedrich Neumann et la Chambre algéro-allemande de commerce et d'industrie (AHK). M. Aïssa insistait auparavant devant un parterre d'homme d'affaires allemands sur le fait que l'Islam, à travers ses textes sacrés et ses préceptes, incite au savoir et accorde aux savants une place privilégiée. « Le Coran et la Tradition du Prophète (Sunna) encouragent les humains à acquérir la science dans tous les domaines », a souligné Mohamed Aïssa, affirmant que « la religion ne recommande pas d'être musulman par le suivisme ». Cela en rappelant le premier verset révélé du Coran qui a ordonné au Prophète Mohamed de « lire ». M. Aïssa a mis l'accent par ailleurs sur la place privilégiée qu'a donné l'Islam aux savants, affirmant que « l'encre des savants et plus précieuse que le sang des martyrs » et citant le célèbre compagnon, cousin du Prophète et exégète Ibn Abbas, pour qui « le savant est meilleur que le jeûneur ou le combattant sur la voie de Dieu ». Le conférencier a estimé en outre que « la force politique est nulle par rapport au savoir ». Ce qui n'est pas le cas chez nous où le pouvoir ne fait rien pour retenir ses valeureux cadres en fuite sous d'autres cieux. L'on compte d'ailleurs aujourd'hui entre 40 à 50 000 cadres qui ont fui ces dernières années à l'étranger. « Nous vivons ce paradoxe aujourd'hui », reconnaît ce cadre du ministère des Affaires religieuses, estimant qu'il est impératif pour les pouvoirs publics de créer une atmosphère adéquate pour le savoir et la science. M. Aïssa estimera par ailleurs qu'il est temps de s'attabler avec le monde occidental pour « un retour à la source » pour les musulmans. « Nous devrons nous attabler avec le monde occidental comme ce dernier l'avait fait dans le temps », selon le conférencier qui regrette que les Algériens accusent un retard énorme dans la lecture. « Nous sommes une nation verbale », déplore-t-il, estimant qu'il est faux de créer ou de copier un savoir par rapport à celui qui est en Occident. M. Aïssa a expliqué à des journalistes que le but de ce genre de conférence était de « donner aux étrangers l'image exacte de l'Islam et de l'Algérie ». Le directeur général de AHK, Andreas Hergenrother, a relevé de son côté que AHK était une « plateforme de coopération bilatérale et de dialogue qui englobe la compréhension réciproque à l'égard de l'identité religieuse et culturelle de l'autre ». « Une condition incontournable pour un partenariat gagnant et le respect mutuel, qui ne concerne pas seulement les intérêts économiques et commerciaux, mais également la culture, l'histoire et, naturellement, la religion », a-t-il ajouté.