Ouf ! Le premier policier du pays vient de nous rassurer en ce début mois de Ramadhan, où l'on a pris l'habitude depuis une quinzaine d'années de vivre une recrudescence des attentats terroristes. Les derniers en date, ceux de Batna et Dellys, avaient, il est vrai, renforcé notre inquiétude de voir se multiplier les attaques kamikazes contre les biens et les personnes. Le directeur général de la sûreté nationale a affirmé au journal Liberté que ses services et les autres avaient trouvé la parade contre ces attentats suicide. Ni plus ni moins. Lui qui disait, récemment encore, jusqu'à pratiquement la veille de l'action criminelle de Batna, que l'on ne pouvait rien faire contre ce genre d'actes terroristes. Etonnant ! Et c'est le moins que l'on puisse dire. Surtout quand on sait que son ministre hiérarchique, en l'occurrence celui de l'Intérieur, soutenait mordicus le jour même de la tragédie de Batna que l'on ne pouvait rien faire contre ce type d'attentats. Si ce n'est compter les morts et faire le deuil. Aujourd'hui, on ne devrait plus s'en soucier, puisque M. Tounsi affirme que ses services ont les moyens de détecter les kamikazes avant de passer à l'action. Il n'en dira pas plus et l'on ne saura pas pour le moment pour des raisons évidentes de sécurité de quelle manière la police compte procéder. Le ministre va encore plus loin et nous apprend que sa direction est en train de mettre en place un dispositif dans ce sens jusqu'en 2008. Le plus étonnant et qui devrait nous rassurer encore plus, c'est quand il affirme qu'au-delà de cette date, il sera pratiquement impossible à quiconque de commettre le moindre attentat ! A en croire le DGSN, 2009 sera l'année de la paix enfin retrouvée. Ce que tous les Algériens attendent depuis plus d'une quinzaine d'années devrait donc se concrétiser avant 2010… Beaucoup de citoyens seraient pressés de vivre ce futur instant. Ces propos prononcés le jour où une bombe devait faire quatre victimes ont été suivis par d'autres sur lesquels bon nombre de citoyens et de policiers ne manqueront pas de s'interroger. A la suite de la cérémonie consacrée à l'hommage rendu à l'agent de la sûreté nationale mort alors qu'il essayait de neutraliser le kamikaze de Batna, le premier responsable de la police n'a pas trouvé mieux que d'appeler les fonctionnaires de son secteur à plus de sacrifices. On est en droit de se demander quelle serait la portée de telles paroles, y compris celles qui se veulent rassurantes à l'égard du citoyen ? Comment peut-il en être autrement, lorsqu'au plan politique tout est plutôt aux concessions à l'égard de l'intégrisme et des commanditaires de la violence islamiste ? Ou alors dans le meilleur des cas, au laxisme, comme on a pu le constater avec l'affaire des adolescents recrutés pour servir de kamikazes. En dépit des multiples alertes sur les activités des prêcheurs et autres recruteurs qui auraient normalement suivi la disparition de ces adolescents, l'activité de ces individus s'est poursuivie normalement à l'intérieur et aux alentours de la mosquée de l'Appreval de Kouba sans la moindre inquiétude. Les citoyens et en premier lieu les parents des adolescents concernés seraient en droit de demander : pourquoi n'a-t-on rien fait pour empêcher que des jeunes inconscients aillent au suicide, exaltés par des illuminés nullement inquiétés ? Autant de questions qui renseignent sur le fonctionnement des institutions de la République et où un simple coup de téléphone, une simple injonction suffisent à démobiliser le moins zélé des fonctionnaires.