Les services de sûreté de la daïra de Touggourt ont présenté hier 42 personnes dont plusieurs hauts fonctionnaires de l'administration des douanes à l'échelon régional au parquet de Touggourt. Après des auditions qui se sont poursuivies jusqu'à 1 h du matin, le juge d'instruction a écroué douze douaniers. Le directeur régional de Ouargla, le directeur régional des douanes, deux receveurs de la recette de Touggourt, un chef de brigade et plusieurs agents de différentes catégories font partie des personnes écrouées. L'affaire remonte au mois de mars 2007, quand les services de la Gendarmerie nationale ont découvert un important lot de cartouches de cigarettes de contrebande soigneusement caché dans le sable aux environs de Touggourt. Procédant sur information concernant l'existence d'une marchandise saisie supposée détruite par la commission mixte de destruction des saisies et détournée aux fins de revente, l'enquête déclenchée par la gendarmerie a permis de remonter la filière des douaniers ripoux grâce aux suspicions d'agents de la Protection civile qui auraient refusé de signer conjointement un faux PV de destruction. Le fameux PV dressé sur le lieu supposé de la destruction était fictif, puisque le gros de la marchandise saisie, d'une valeur de 100 millions de centimes selon des sources judiciaires, n'a jamais fait l'objet d'incinération. Les aveux d'un agent des douanes sont édifiants. Ce dernier a confirmé qu'une petite quantité de cartouches de cigarettes de marque Legend et Marlboro a été détruite et que la quantité escamotée devait être revendue à des personnes qui devaient la récupérer dans un endroit convenu en dehors de Touggourt. Cet agent ne s'est pas arrêté là puisqu'il a même donné des détails précis sur la répartition du butin, dont 30 millions de centimes devaient aller dans les poches de M. A.D., directeur régional des douanes à Ouargla, tandis que les autres complices devaient se partager le reste à raison de 2 à 3 millions de centimes chacun. Les personnes interrogées ont évidemment nié toute relation avec les faits, mais le juge d'instruction qui a retenu deux chefs d'inculpation, à savoir le détournement de deniers publics et le faux et usage de faux, a décidé la mise en détention préventive des douze auteurs directement impliqués dans l'affaire, selon les conclusions de l'enquête de la gendarmerie et de relâcher les trente autres. L'affaire est toujours en cours d'instruction.