L'Algérie accuse un retard considérable dans le domaine de la production de l'information via internet. Le constat fait par des providers nationaux est sans appel : il y a à peine 5000 noms de domaine (site web) dans notre pays dont certains sont hébergés à l'étranger. Invité à la table ronde sur l'évolution de l'internet en Algérie tenue hier au forum d'El Moudjahid, Mohamed Saïdi, président de Big informatique, relève que la Tunisie est nettement en avance dans ce domaine, disposant de plus de 16 000 noms de domaine. Insistant sur l'importance de l'utilisation de l'internet comme un moyen d'informer et de s'informer, M. Saïdi évoque le cas de l'Inde qui, grâce à l'internet, a réussi à exporter en 2005 des services pour un montant de 25 milliards de dollars. Il souligne également que les Etats-Unis d'Amérique accordent une importance majeure à ce secteur. « La part des USA dans les dépenses mondiales en technologies informatiques est de 65% », note-t-il. De son côté, l'autre provider, Ali Kehlane, président de Satinker, indique qu'il y a seulement 2,1 millions d'internautes en Algérie, alors qu'il y a 21 millions d'abonnés à la téléphonie mobile. M. Kehlane regrette ainsi le fait que le développement du secteur de la téléphonie mobile n'ait pas été suivi par celui de l'internet. Il fait remarquer par ailleurs qu'une bonne partie des institutions de la République ne dispose pas de sites web. Les sites existants sont soit statiques, soit utilisés uniquement pour glorifier les personnes. M. Kehlane rappelle le projet du gouvernement de relier tous les ministères par un réseau intranet. Lancé en 2004, ce projet a été normalement achevé en 2006. Mais jusque-là, il ne semble pas être mis en service. M. Kehlane déplore en outre le manque de volonté politique pour aller de l'avant dans ce domaine. Selon lui, l'important n'est pas uniquement dans l'achat et la mise en place de matériel informatique et de réseaux internet. Mais aussi dans les programmes et le contenu qu'on injecte dans ces réseaux et sites. Jusque-là, indique-t-il, l'Algérie dépend entièrement des produits on-line de l'étranger. Mohamed Bouzar, président du provider ABM, estime pour sa part qu'il faut une révolution informatique pour rattraper l'énorme retard que connaît le pays dans ce domaine. Selon lui, l'Algérie importe actuellement 200 000 PC par an, ce qui demeure insuffisant. « Je ne peux pas imaginer dans le monde d'aujourd'hui une entreprise sans un PC et sans internet qui sont très importants pour la gestion et la rationalisation », précise-t-il. Mohamed Hamzaoui, président de Seri, abonde dans le même sens, insistant sur le déficit criant dans le domaine de la production de l'information via internet. « L'internet, ce n'est pas envoyer et recevoir des mails ou des dossiers. C'est un moyen d'informer et de s'informer », tonne-t-il, regrettant qu'en Algérie ce moyen extraordinaire soit réduit à un simple outil de divertissement. A ses yeux, si l'on veut réellement développer le secteur et, par ricochet, les autres domaines, il faut prendre un certain nombre de mesures. Entre autres, M. Hamzaoui parle de l'urgence de réduire les coûts d'accès à l'internet, la nécessité de garantir une meilleure régulation du marché, la création d'un haut conseil des nouvelles technologies, l'interconnexion de tous les providers et l'émergence d'un autre opérateur pour un nouveau réseau filaire. Sans cela, M. Hamzaoui doute que l'Algérie puisse se développer aussi rapidement que souhaité. Elle ne pourrait, d'après lui, même pas réaliser son objectif d'avoir 3 millions d'abonnés à l'ADSL en 2009. Actuellement, il y a seulement 200 000 abonnements à l'ADSL, souligne-t-il.