Les spécialistes d'internet souhaitent voir la mise en place d'un dispositif législatif pour faire face aux dangers de la cybercriminalité. S'il est vrai que c'est un outil de développement, il n'en demeure pas moins qu'internet est devenu aussi un territoire clé de toutes formes de risques. Des spécialistes de l'internet n'ont pas manqué de soulever, hier au cours d'une table ronde animée au forum d'El Moudjahid, les dangers de la cybercriminalité sur les internautes et l'absence de mesures de sécurité et de législation. D'emblée, ces professionnels de l'internet ont affirmé lors de cette conférence sous le thème « Avancée technologique ou instrument d'atteinte aux libertés ? » leur opposition à « toute sorte d'enfermement », préconisant « la position offensive ». Cela sans omettre de mettre l'accent sur l'amélioration du contenu. « Il y a nécessité d'aller vers la création d'un cadre organisationnel technique et juridique doté de moyens d'action et de réflexion pour assurer la sécurité des sites », préconise Mebarek Bouakba, ingénieur télécoms à Saadnet. Ce fournisseur internet souhaite la révision du dispositif législatif et la mise en place d'un encadrement organisationnel de réflexion permanent. Mais aussi former des juristes et des magistrats internet. A ses yeux, « l'Algérie doit disposer de ses spécialistes dans les domaines de sécurité transactionnelle commerciale ». Un souhait que partagent les autres spécialistes présents à cette table ronde qui n'ont pas manqué de relever la difficulté d'instaurer une supervision gouvernementale sur la gestion des noms de domaine. Le commissaire de police chargé des enquêtes économiques, Abdelkader Mostefaoui, n'ignore pas l'utilisation de l'internet par des réseaux terroristes, mais reconnaît que les enquêteurs sont toujours confrontés à des difficultés de contrôle de cette pratique. Cette difficulté se pose, selon lui, pour la recherche des indices et des traces de ces recruteurs, a-t-il indiqué, précisant que la majorité des sites à caractère terroriste sont hébergés à l'étranger. « Toutes les demandes faites à des pays étrangers concernant ces sites n'ont pas abouti car aucune réglementation ne contraint les hébergeurs à vérifier le contenu des sites », a-t-il affirmé. Pour contrer les dangers de l'internet sur l'individu, notamment sur les jeunes, M. Mostefaoui a souligné l'importance de susciter l'intérêt des parents et des enseignants, dans le cadre de l'école, pour les méthodes éprouvées de protection des mineurs sur internet. Les mêmes spécialistes ont souligné également l'absence de législation réglementant cette activité en Algérie, la méconnaissance de ses risques et l'absence de mesures de sécurité en la matière. « Il faut un cadre juridique auquel tous les acteurs doivent se soumettre », selon M. Mostefaoui. Pour sa part, le président de l'Association algérienne des fournisseurs de services internet, Younès Grar, PDG de General Computing Systems, a insisté sur l'importance de trouver un moyen de gérer les effets négatifs de l'internet en mettant en place le dispositif légal nécessaire. « Il faut penser sérieusement pour contrecarrer cette révolution électronique », a-t-il préconisé. Pour sa part, le PDG de l'Etablissement d'enseignement professionnel à distance (EEPAD), Nouari Harzellah, estime que l'internet en Algérie est mal exploité. Il estime à seulement près de 20% de son contenu qui est utilisé pour des recherches. Pour lui, « c'est le moment d'ouvrir un débat sérieux sur comment encourager l'internet et contrecarrer ses effets négatifs », regrettant que « les hébergements des sites web échappent à tout contrôle ». Mebarek Bouakba regrette par ailleurs la disparition de beaucoup de providers algériens « pour des raisons économiques car nous étions dans une situation de monopole absolu ».