Distante de plus de 25 km du chef-lieu de wilaya, la petite commune de Nafla a ouvert les portes de son école primaire aux élèves du village, mais aussi, à ceux qui viennent des douars et dechras avoisinants, comme Tazourit, Bouizen... Ils sont 107 écoliers inscrits pour cette année scolaire, sans le préparatoire que le chef d'établissement réclame en vain depuis des années. Rachid Arab, directeur de l'établissement nous dira : « La création ou le rajout d'une classe pédagogique règle le problème à la base, mais nos différentes demandes sont restées lettre morte ». Aux piémonts de Tichaou et Rfaâ, culminant à 1 750 m d'altitude, sans exagérer, un instituteur, H.Khlifa, précisera que « le mercure peut descendre jusqu'à -13°, sachant que certains élèves font 3 à 4 km de marche pour rejoindre l'école. Le problème du surnombre par classe, le chevauchement des niveaux, et ce ne sont pas des fourneaux à mazout détraqués qui vont chauffer des classes exposées au grand froid ». Nous apprenons par le directeur que l'école est dotée d'un chauffage central qui a fonctionné une dizaine de jours seulement, et depuis il fait partie du décor. Personne ne semble se soucier de cet état de fait : pourquoi le chauffage ne fonctionne-t-il pas, et pourquoi n'est-il pas réparé ? Une école dite centrale, accueillant les élèves de toute la contrée, ne possède même pas une cour. Une cantine existe bel et bien, mais par -10°, ce n'est certainement pas un repas froid ou une feuille de laitue avec des olives qui vont aider les écoliers à supporter la faim. Le directeur de l'école, sans ambages, lancera : « Quand nous sommes mitoyens avec la mairie, et que nous ne recevons aucune aide, sauf de temps en temps des serpillières, alors qu'il s'agit de nos enfants, c'est choquant. Quand on entend des hauts responsables parler de l'Internet à l'école, nous ne savons pas si on doit en rire ou en pleurer ». En dépit de toutes les tracasseries et de l'absence quasi totale des moyens pédagogiques, l'école a eu un taux de réussite qui avoisine les 90% lors de l'examen de 6e. Grâce à une cotisation de l'ensemble des instituteurs (8), ils ont pu bénéficier d'un ordinateur pour les besoins de l'école, dont la demande formulée pour son acquisition semble avoir été égarée quelque part, au niveau des archives de la direction de l'éducation de Batna.