Le gérant de la minoterie LBC Farine El Makam, Lakhdar Badache, ne sait plus à quel saint se vouer pour mettre fin à son calvaire qui dure depuis mars dernier. Tout a commencé quand cet investisseur a réalisé une autre unité de transformation de blé tendre qui a été réceptionnée mars dernier et qui devait entrer en activité le même mois. Les responsables de cette petite industrie avaient pris le soin au préalable de faire une demande auprès de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) pour être inscrit dans le programme d'approvisionnement en blé tendre. Quelle ne fut leur surprise lorsque l'OAIC leur exige une autorisation de leur tutelle pour donner suite à leur requête se basant sur les résolutions d'un conseil interministériel tenu le 3 mars dernier. La minoterie prend attache avec le ministère du Commerce et celui de l'Industrie et même celui de l'Agriculture pour avoir le fameux sésame qui lui permettrait d'être opérationnelle. Elle ne tarde pas à obtenir des réponses positives de ces départements qui lui fournissent le document nécessaire. Le propriétaire de la minoterie croyait ainsi que ses déboires allaient se terminer enfin, mais il fallait compter sans la ténacité de l'OAIC. Ce dernier et malgré la réception de l'autorisation s'obstine à ne pas approvisionner la minoterie contraignant au chômage technique les 90 personnes qui devaient être recrutées pour la faire fonctionner et faisant planer le spectre de la prison sur son gérant, Lakhdar Badache, qui craint d'être mis derrière les barreaux s'il ne tient pas ses engagements avec la banque. Il a contracté un crédit d'investissement de 8 milliards de centimes auprès de la Banque nationale d'Algérie (BNA). Cet opérateur économique a investi au total 40 milliards de centimes dont la moitié a servi à l'achat d'équipements importés et montés par des fournisseurs turcs et français. Désemparé, il saisit la chefferie du gouvernement et la présidence de la République. Ces deux hautes institutions se sont contentées de lui signifier que son cas était à l'étude. M. Badache ne comprend pas pourquoi on lui met les bâtons dans les roues alors que son projet a été réalisé avec l'aval de l'Agence nationale pour le développement de l'investissement qui, tient-il à rappeler, est sous l'égide du chef du gouvernement. « J'ai bénéficié de toutes sortes d'encouragements. J'ai été exonéré d'impôts pour un montant de dix milliards de centimes. La banque nous a facilité l'accès au crédit. J'ai commencé la réalisation de cette unité depuis 2003. Pourquoi a-t-on attendu qu'elle soit réceptionnée et que la banque nous accorde un crédit pour nous faire comprendre qu'il y a trop de minoteries ? », s'interroge-t-il. L'argument avancé par l'OAIC selon lequel il y a saturation du marché de la minoterie, accentuée par la crise du blé sur le marché international, est battu en brèche par notre interlocuteur. « D'abord, nous ambitionnons d'exporter la production excédentaire, le produit algérien étant très compétitif. Ensuite, comment l'OAIC compte procéder pour approvisionner les unités de l'Eriad qui sont à l'arrêt si jamais celles-ci reprenaient du service ? », affirme-t-il. Il dénonce également la position de quasi-monopole de l'OAIC qui est le seul fournisseur de blé en Algérie. « Si je pouvais importer moi-même du blé, je l'aurais fait depuis longtemps, mais comme l'Etat subventionne cette denrée, je ne pourrais jamais produire un produit compétitif. L'OAIC achète le blé sur le marché international pour 380 dollars la tonne et le revend à 140 dollars la tonne », relève-t-il encore. Lors d'une audience avec le DG de l'OAIC, ce dernier a promis aux responsables de LBC Farine El Makam que leur inscription dans le programme d'approvisionnement n'était qu'une question de jours. Cinq mois sont passés sans que cette minoterie reçoive un grain de blé.