Le nombre de cancéreux âgés pourrait doubler entre 2000 et 2030 et représenter ainsi d'« énormes défis » pour les systèmes de santé dans le monde, ont averti, la semaine dernière, des spécialistes réunis à la Conférence européenne du cancer (The European Cancer Conference) ECCO 14 qui s'est déroulée à Barcelone. Le vieillissement des sociétés, particulièrement dans les pays riches, et les progrès diagnostiques et thérapeutiques vont augmenter le nombre de patients cancéreux âgés ainsi que leur proportion parmi les victimes de la maladie, selon eux. « Il n'y a pas assez de professionnels formés à la fois dans le domaine du cancer et à la dispensation des meilleurs soins aux personnes âgées », s'est inquiétée Kathy Redmond du magazine Cancer World. Entre 2000 et 2030, le nombre de cancéreux de 65 ans et plus aura doublé, dit-elle d'après les données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'explosion à venir des cancers dans ces tranches d'âge constitue une véritable « bombe à retardement », a-t-elle affirmé. En 2000, le monde était de quelque 10,4 millions de nouveaux cas de cancer, 6,5 millions de morts par cancer et plus de 25 millions de gens vivant avec un cancer, selon le professeur Peter Boyle, épidémiologiste, directeur de l'agence internationale de l'OMS pour le cancer (CIRC/Iarc, Lyon, France). En 2030, compte tenu de l'accroissement et du vieillissement de la population mondiale, la planète pourrait compter 27 millions de nouveaux cas diagnostiqués, 17 millions de morts par cancer et 75 millions de personnes vivant avec, a-t-il poursuivi. Considéré il y a quelques années encore comme une maladie des pays riches, le cancer concerne à présent les pays moins développés, a relevé le Pr Boyle. Un « défi majeur » pour les pays à faible ou moyen revenus sera de trouver les ressources suffisantes pour traiter les grands nombres de cancers qui seront diagnostiqués dans leurs populations dans les années à venir, selon cet épidémiologiste. Mme Redmond a insisté sur les problèmes spécifiques liés à l'avancement en âge, comme les problèmes de mémoire ou le risque de recevoir moins d'explications sur leur traitement. A cela s'ajoute l'isolement croissant des personnes âgées, coupées d'un proche — famille, amis — qui pourrait s'assurer qu'elles prennent correctement leur traitement, a-t-elle poursuivi. Elle a également déploré les discriminations envers les personnes âgées marquées par des attitudes négatives à leur égard, entraînant des traitements et des soins loin d'être optimaux par comparaison à ceux administrés aux patients plus jeunes, avec pour conséquences des décès qui auraient pu être évités.