Selon tous les experts, plus de 30% des cancers pourraient être évités par des mesures relevant de l'hygiène de vie (alimentation, tabac, exposition prolongée aux substances cancérigènes). De plus, environ un tiers des tumeurs peuvent être guéries par les techniques existantes (chirurgie, radiothérapies, chimiothérapies), à condition d'être détectées dans les phases initiales. Le cancer représente 12% des causes de décès dans le monde. Selon les estimations de l'OMS, il faudra compter annuellement avec 10 millions de décès par cancer et 15 millions de nouveaux cas de cancer au cours des vingt prochaines années. Un tiers des 10 millions de cancers nouvellement diagnostiqués dans le monde pourrait être prévenu et un autre tiers traité avec succès si ces cas étaient dépistés et traités plus tôt. La lutte contre le cancer prend une nouvelle forme avec l'arrivée révolutionnaire des thérapies ciblées, elles arrivent à affamer les tumeurs et les détruire. Ces thérapies empêchent en fait la formation des vaisseaux sanguins indispensables à la survie des tumeurs. Celles-ci sont privées de l'apport de sang, ce qui entrave leur progression. Les évaluations et les récentes études concernant cet arsenal de médicaments novateurs ont été faite à l'occasion de la conférence européenne du cancer ECCO 14 qui s'est déroulée la semaine dernière au Palais des congrès de Barcelone, (Forum) qui a accueilli 13 000 délégations venues de 86 pays et à laquelle a pris part une dizaine de médecins algériens. Cette rencontre scientifique d'une grande envergure a réuni des cancérologues qui ont débattu durant cinq jours des dernières recherches en matière de lutte contre le cancer, les actualités des traitements, la prévention et la prise en charge de cette maladie. Selon certains spécialistes, « avec ces nouvelles thérapies, les patients peuvent vivre plus longtemps avec une meilleure qualité de vie ». Un des médicaments qui a volé la vedette lors de ce congrès est Avastin (bevacizumab) des laboratoires Roche. Il est un des premiers médicaments antiangiogéniques utilisé dans le traitement du cancer colorectal métastatique non préalablement traité. Ce médicament empêche la liaison d'un facteur de croissance (le VEGF) à ses récepteurs disposés à la surface des cellules des vaisseaux sanguins Son efficacité dans le traitement du cancer du poumon vient d'être démontrée à travers les trois études présentées en marge de l'ECCO. Utilisé en association avec une chimiothérapie à base de platine, Avastin est un anticancéreux « unique qui agit en privant la tumeur de l'apport de sang qui lui est nécessaire pour se développer et se répandre dans l'organisme. Ce traitement novateur et révolutionnaire a significativement amélioré la chance de survie des patients souffrant de cancer bronchique non à petites cellules NSCLC au stade avancé, forme la plus courante de cancer du poumon. D'ailleurs, toutes les publications présentent ce médicament comme l'anticancéreux le plus prometteur des dix dernières années. L'analyse intermédiaire a montré chez des patients jamais traités, des résultats positifs, à savoir l'amélioration de la chance de survie globale ou réduction du risque de décès par rapport à une chimiothérapie utilisée seule, a signalé le Pr Alan Sandler, directeur de centre de cancer et membre de la société américaine d'oncologie, après avoir rappelé que ce même médicament a donné des résultats positifs depuis deux ans chez des patients atteints de cancercolo-rectal. Selon l'orateur, l'étude a aussi montré que Avastin, associé à une chimiothérapie standard (paclitaxel/carboplatin) pour le traitement de 1re intention du cancer du poumon, améliore de 30% la chance de survie globale des patients. « Le succès de cette étude est une première dans le traitement du cancer du poumon. En effet, depuis des décennies, aucune étude n'a montré une réelle efficacité dans le traitement de 1re intention de ce cancer », a-t-il ajouté avant de rappeler que ce médicament a également prouvé son efficacité dans le traitement du cancer du sein métastatique. Il améliore la survie des patientes de 48% et réduit de manière spectaculaire l'échéance de la progression de leur cancer (de 83%), selon les résultats d'une large étude clinique de phase III impliquant près de 800 patientes. Le cancer du sein L'arrivée des thérapies ciblées a considérablement changé la vie des patients. Des progrès spectaculaires ont été enregistrés dans cette forme de cancer, ce sont des armes que les praticiens ont entre les mains pour réduire considérablement les risques de mortalité. Certains parlent de vraies guérisons. De nouvelles données montrent que l'adjonction d'Herceptin (trastuzumab) à une chimiothérapie avant chirurgie pour le cancer du sein (traitement néoadjuvant) permet, par rapport à une chimiothérapie utilisée seule, d'éradiquer totalement des tumeurs chez presque trois fois plus de femmes souffrant de cancer du sein inflammatoire HER2-positif. Bien que rare, le cancer du sein inflammatoire est une forme agressive de la maladie ; en effet, la tumeur croît rapidement, ce qui nécessite souvent une mastectomie totale et son pronostic est plus défavorable que celui d'autres cancers du sein. Ces résultats sont particulièrement significatifs, car l'administration d'Herceptin dans cette configuration pourrait favoriser les interventions à visée conservatrice et, plus important encore, améliorer la chance de survie. Le Pr Wolfgang Eiermann, directeur médical de la Frauenklinik vom Roten Kreuz à Munich, Allemagne. a déclaré : « Une nouvelle fois, Herceptin s'est avéré procurer un bénéfice significatif aux patientes souffrant de cancer du sein HER2-positif. Il est démontré qu'Herceptin prolonge la vie pour l'ensemble des formes HER2-positives de la maladie, de sorte que ces données récentes seront accueillies avec satisfaction par le petit nombre de femmes qui ont le malheur de souffrir de cancer du sein inflammatoire, lequel se montre particulièrement dévastateur. » Le cancer HER2-positif représente près de 30% des cancers du sein. Il requiert une attention spéciale, car les tumeurs croissent rapidement et sont grevées d'une forte probabilité de récidive. Le traitement néoadjuvant est administré pour réduire la taille de la tumeur et lui permettre d'être éradiquée, ce qui favorise la chirurgie du sein à visée conservatrice.