Le Ramadhan à Annaba a été très riche en faits et méfaits les uns plus étonnants que les autres. Le dernier en date relève tout simplement de l'anecdote et, pourtant, il a bien eu lieu et a eu pour victime un ophtalmologue dont le cabinet est situé à Loussafna. Parmi les patients en attente d'une consultation, une demoiselle, la trentaine et bien mise de sa personne, s'était fait remarquer par un comportement quelque peu perturbé. « C'est votre tour mademoiselle », lui dira l'assistante du praticien en l'invitant à entrer en salle de consultation. Le comportement perturbé et une protubérance suspecte dans le dos de la demoiselle obligèrent l'assistante à laisser la porte entrouverte. Des éclats de voix dont celle du médecin lui parviennent à l'oreille de l'assitance qui lança un rapide coup d'œil à l'intérieur de la salle de consultation. Ce qu'elle vit, la glaça d'effroi. La patiente tenait en joue l'ophtalmologue sous la menace d'une arme à feu. Sans s'affoler, l'infirmière appela police secours dont le siège n'était pas loin. Deux minutes, tout le secteur était bouclé sous les yeux ahuris du voisinage de la clinique Loussafna. A la première sommation des policiers, la gangster en jupon déposa l'arme à ses pieds et leva les bras. Yasmina, c'est son prénom, venait de comprendre que ce n'était plus qu'une affaire entre elle et le médecin et qu'elle risquait de perdre la vie. Après avoir procédé à son arrestation, les policiers prirent en charge le Mat 49 avec un chargeur contenant 25 balles. Aux policiers qui l'avaient interrogée, Yasmina a répondu qu'elle avait eu un besoin pressant d'argent. Elle aurait également affirmé avoir subtilisé l'arme à son père, un membre des GLD de Constantine d'où elle est venue ce matin-là. Elle avait été évacuée vers l'hôpital psychiatrique pour y subir un examen médical. Quant au médecin qui a eu beaucoup plus de peur que de mal, il a déclaré ne pas connaître son agresseur. Or, il s'est avéré que le frère de Yasmina avait habité durant plusieurs années à proximité de son cabinet. C'est sur cette piste que se sont penchés les enquêteurs de la brigade judiciaire de la sûreté de wilaya pour élucider cette affaire. Quelques jours auparavant, les habitants du bâtiment des douanes à Kouba avaient vécu un événement dramatique. Du haut de leurs balcons, ils ont assisté à la dislocation du corps d'une mère de famille qu'un véhicule roulant à une vitesse excessive a percutée et traînée sur plusieurs mètres tout autant qu'une 2e victime, également mère de famille. La malheureuse est décédée sur le coup alors que son amie en a réchappé mais après plusieurs mois d'hospitalisation. Selon le rapport de police, le véhicule était conduit par un jeune en état d'ébriété. Ce jeune, âgé de 21 ans, a fui abandonnant les 2 victimes et leurs enfants à leur triste sort. Il a été condamné à une année de prison avec sursis par le tribunal de Annaba.C'est avec ces tristes images en mémoire ainsi que celles des petits enfants des 2 victimes pleurant au bord de la route que les habitants sont accourus lorsqu'ils ont entendu des crissements de pneus et celui d'un freinage brusque. La scène qui s'offrait à leur regard par un vendredi du Ramadhan à 18h47, n'était pas identique aux autres. Elle était digne d'un film relatant les années de la prohibition aux Etats-Unis. Là sous leurs yeux ahuris, une voiture de type « Partner » 5 individus à bord avait contraint le conducteur d'une Audi à s'arrêter. Ils descendirent rapidement et se dirigèrent chacun vers une portière de l'Audi comme pour enlever à leur future victime toute possibilité d'échappatoire. Sans aucune forme de procès, deux d'entre eux se mirent à la rouer de coups de poing et de pied. Du haut de leur balcon, croyant qu'il s'agissait d'un acte terroriste, les habitants criaient et jetaient tout ce qui leur tombait entre les mains pour les faire fuir. Constatant qu'un des habitants s'apprêtait à les rejoindre avec la ferme intention d'intervenir, les 5 agresseurs s'enfuirent laissant leur victime ensanglantée très mal en point, gisant sur la route. Et une autre fois, c'est un mercredi qu'un père de famille a choisi pour exprimer une grande colère. Pris dans une rafle pour un banal contrôle d'identité, il s'en est pris à la voiture de police dont il brisa le pare-brise avant de tenter de fuir. Poursuivi par les policiers, il ne trouva pas mieux que son fils pour une prise d'otage. Il maintenait étroitement serrée sur sa poitrine avec un couteau sous la gorge sa progéniture, âgée d'à peine huit ans, prêt à l'égorger. Ni les appels à la sagesse de ses voisins, ni l'intervention des membres de sa famille n'arrivèrent à le dissuader à lâcher sa prise. L'homme paraissait clairement résolu à passer à l'acte. C'est ce qu'il aurait peut-être fait n'était le sang-froid et la méthode appliqués par un officier de police pour le ceinturer et le désarmer. Comme si cela ne suffisait pas, le même jour, une femme énervée par son propre frère pour une question d'héritage, lui balança au visage une poêle à frire contenant une huile bouillonnante. C'est encore un mercredi qu'un drame a eu lieu à Seraïdi. Pris d'une crise de jalousie, un jeune homme âgé de 28 ans a frappé de plusieurs coups de couteau au cœur sa fiancée de 31 ans. Cette dernière avait refusé de le laisser entrer dans son appartement. Vingt-quatre heures après, recherché par la gendarmerie, il sera retrouvé pendu chez lui. Préalablement, il avait pris le soin d'expliquer ses 2 gestes fatidiques dans une lettre adressée à la gendarmerie nationale. Pour compléter ce sombre tableau de faits et méfaits, voilà qu'une bande composée de 7 malfrats prit pour cible, toujours le même mercredi, le centre de formation polyvalent du Pont blanc avec l'intention de le vider de tout son matériel. Surpris durant leur besogne, les 7 délinquants s'attaquèrent aux trois gardiens à coups de couteau, de sabre et de bombe lacrymogène avant de prendre la fuite.