L'ancien ministre marocain de l'Intérieur Driss Basri, limogé de son poste par le roi Mohammed VI qui venait de succéder à son père Hassan II décédé en juillet 1999, refuse de se taire, même s'il accumule, dans son pays qu'il a fui, les accusations de trahison. C'est ainsi qu'on y qualifie tous ceux qui s'éloignent des thèses officielles et encore plus tentent de les contrarier. Driss Basri, qui a eu à gérer ce dossier et qui a perdu son poste parce qu'il a échoué à faire des Sahraouis de bons Marocains, dit cette fois tout le contraire de ce qu'il faisait et entendait faire partager. Il a ainsi plaidé lundi en faveur de l'application des résolutions des Nations unies sur le Sahara-Occidental qui prévoient un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Jamais, auparavant, un responsable marocain, même en disgrâce, n'avait tenu pareils propos alors même que le souverain marocain venait de réaffirmer des positions récusées par l'ONU et que le Front Polisario qualifie de « comportement dangereux et irresponsable », en flagrante contradiction avec les résolutions de l'ONU. Et M. Basri ne se contente pas uniquement d'en prendre acte, mais il reconnaît que le conflit du Sahara-Occidental est une question de décolonisation et qu'il oppose son pays au Front Polisario. M. Basri, qui était l'invité de la rubrique « Un jour, un invité » de la Chaîne III de la Radio nationale, a abordé le plan de paix de 1990, qui précisait les étapes, conditions, voies et moyens à même d'organiser un référendum d'autodétermination sous l'égide des Nations unies. « Il fallait arriver, conformément aux décisions des Nations unies et l'Organisation de l'unité africaine (OUA) entérinées par feu le roi Hassan II, à Naïrobi (Kenya), à l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara-Occidental », a rappelé M. Basri précisant qu'« il fallait parvenir à un référendum d'autodétermination clair, loyal, transparent, en dehors de toute pression militaire ou administrative, et de toutes pressions coercitives ». Et c'est ce que stipule expressément le plan de paix de l'ONU. Il a assuré que « le roi Hassan II, d'autres responsables marocains et lui même avaient travaillé pour l'organisation d'un référendum », un principe, dira t-il, accepté par toutes les parties, avant de faire part de ce qu'il a appelé « la déviation » ayant affecté le processus, à savoir « une prériode d'autonomie précédant la tenue de ce référendum ». Driss Basri a aussi affirmé que le plan de paix onusien « demeure toujours valable », contrairement à la position officielle de Rabat qui le qualifie d'obsolète. Basri remet les pendules à l'heure internationale au moment, par ailleurs, où Rabat est en quête de médiation, un exercice qui peut s'avérer vain.