Certaines personnes qui font dans le commerce informel font de plus en plus appel à des passeurs pour leur acheminer des produits de contrebande achetés à Maghnia ou dans d'autres localités de la bande frontalière Algéro-marocaine. Chaque jour, les patrouilles des éléments de la douane ou ceux de la gendarmerie nationale interceptent ces passeurs transportant beaucoup de marchandise. Lors de leurs arrestations, ces passeurs contrebandiers qui voyagent par groupe de quatre, par taxis collectifs ou par autocar, déclarent le plus souvent être des intermédiaires dans ce négoce, qu'ils sont chargés uniquement de convoyer la marchandise sans poser de question. Ce phénomène a pris de l'ampleur au niveau de l'ouest du pays où des jeunes dans le désespoir ou sans ressources et parfois même des personnes âgées, notamment des femmes, sont recrutés pour acheminer de la marchandise de contrebande tout en oubliant les risques qu'ils endurent par ce trafic qu est réprimé par la loi. Avant, certains commerçants d'Oran, spécialisés dans l'habillement, utilisaient des accompagnateurs pour leur convoyer des articles achetés d'Espagne, de Syrie ou de Turquie. Barons de l'importation Ces accompagnateurs, rappelle-t-on, qui étaient totalement pris en charge à l'étranger, y compris la billetterie, étaient sollicités moyennant des bénéfices à l'arrivée. Par ce procédé, durant les années 1990, certains commerçants et convoyeurs qui importaient, à bord de fourgons, des matériaux de construction ou des produits alimentaires à partir de la péninsule ibérique, par exemple, ont fait fortune et sont devenus par la force des choses des « barons » de l'importation dans la région. Face à la flambée des prix du billet d'avion, aux mesures de contrôles imposées depuis les événements du 11 septembre ainsi qu'aux nouvelles taxes introduites par les différentes lois des finances, certains ont laissé tomber ce filon juteux. Ils se sont tournés vers la frontière Algéro-marocaine, devenue au fil des temps un vrai bazar de la contrebande, en utilisant des passeurs à bord de taxis, des cars ou des voitures de location pour tromper la vigilance des services de sécurité chargés de lutter contre ce phénomène. Il suffit de faire une virée vers la gare de la SNTF ou celle routière de Yaghmouracen pour avoir une idée de l'ampleur de ce trafic et du nombre de personnes impliquées. Dès leur arrivée de Maghnia, il sont tous stressés, la peur au ventre, parfois au aguets, car en possession de gros cabas bourrés d'effets vestimentaires ou de produits alimentaires.