C'est la décennie noire qui a fait sortir Boumahni de son anonymat. Pendant des années, son nom s'invitait dans les « papiers » sécuritaires. Située à la lisière d'un massif forestier qui couvre 70% de ce versant de la commune de Aïn Zaouia,, la localité était un point de transit des groupes islamistes armés qui écumaient la région de Draâ El Mizan. Prise en tenaille par le terrorisme et le sous-développement, la population s'est retrouvée livrée à elle-même. Beaucoup reste à faire en matière de développement local dans les 20 villages qui composent ce douar. « C'est une région totalement déshéritée manquant de tout, oubliée par les autorités depuis des décennies. Le réseau routier est dans un mauvais état. L'eau manque dramatiquement. Les établissements scolaires sont mal entretenus et les structures de soins négligées. La jeunesse est livrée à elle-même faute d'infrastructures culturelles et sportives. Nous vivons le calvaire », affirment des représentants de la population. En matière de santé, Boumahni ne dispose que d'un centre de soins qui fonctionne au ralenti selon nos interlocuteurs. Le matériel existe mais pas de dentiste, ni autre médecin spécialiste. Les citoyens réclament l'ouverture d'un service pour la radiologie et un laboratoire d'analyses médicales. Selon la même source, le bourg peuplé par quelque 16 000 habitants est dépourvu de pharmacie. Dans un autre chapitre, ils demandent la construction d'un lycée et l'amélioration du transport scolaire. Les élèves parcourent une vingtaine de kilomètres pour aller suivre les cours à Draâ El Mizan. Le CEM de la localité n'est pas doté de terrain de sport, déplore-t-on. L'alimentation en eau potable constitue également un sujet de préoccupation pour les habitants. Les conduites sont vétustes et les coupures récurrentes. Certains hameaux ne sont desservis qu'une fois tous les quinze jours. En outre, Boumahni attend toujours le raccordement au réseau de gaz naturel. Les extensions opérées jusqu'à présent n'ont touché que les villages situés à la périphérie de Aïn Zaouia. Les comités de villages exigent par ailleurs la réouverture du bureau de poste de la localité fermé depuis quatre ans pour des raisons sécuritaires. Pour la moindre prestation de service relevant de la poste, le citoyen se voit obligé de faire un long déplacement au chef-lieu de la commune ou à Boghni. « Nous avons fait deux courriers à Algérie-Poste en juin et août derniers mais aucune réponse ne nous est parvenue à ce jour ». Des requêtes ayant trait à d'autres doléances ont été adressées au wali de Tizi Ouzou et aux directions de wilaya, soulignent les représentants de la population déplorant la sourde oreille de l'administration vis-à-vis de leurs doléances. « Il semble que les plans de développement ne nous concernent pas notamment en ce qui concerne l'alimentation des foyers en gaz naturel, la construction de logements sociaux et les PPDR. N'aurions-nous donc pas droit, comme les autres, à notre part des richesses nationales ? », s'indignent les villageois.