A Alger et Béjaïa, trois événements mettent en valeur un genre qui ne se définit plus seulement par sa taille mais aussi par son esprit. Du festival de cinéma de Namur où elle se trouve, notre consœur Zineb Merzouk nous a confirmé la grande vogue des courts métrages « qui en disent long ». De plus en plus, ces petits films s'imposent par l'originalité et l'audace créatives. Le phénomène peut s'expliquer par une certaine liberté que procurent de tous petits budgets alliés à la débrouillardise d'équipes légères et complices. Il est peut-être aussi un signe des temps où le temps manque de plus en plus, la consommation culturelle devenant plus rapide. On remarque d'ailleurs qu'en littérature, la nouvelle gagne des lettres de noblesse. Quoi qu'il en soit, les courts métrages sont devenus un genre majeur. Les programmes de cette semaine montrent que l'Algérie n'est pas en reste, encore que souvent les courts métrages sont plus un palliatif qu'un choix devant la faiblesse du soutien à la production. Hier, le CCF d'Alger a organisé pour la 2e année consécutive une Soirée courts métrages où figuraient trois films sélectionnés au Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand : Somewhere Emmmanuel Murat, Be quiet de Sameh Zoabi et Les volets de Liès Boukhitine. Ce dernier, représentatif du genre avec son économie de moyens et son écriture alerte, raconte l'histoire d'une régisseuse de film qui, en plein tournage, va demander à des gens d'ouvrir leurs volets. Elle tombe en pleines funérailles d'une famille africaine et se remémore la perte de son père… Deux courts métrages algériens ont été également projetés. Où ? Quand ? Comment ? de Khaled Benaïssa se passe dans le métro et un taxi à Paris et se présente comme une réflexion un peu philosophique et très originale sur la notion de déplacement et d'espace. Yanis Koussim, présent avec son équipe, a montré son récent film, Khti (Ma sœur), construction poétique sur la notion de folie à travers laquelle le jeune réalisateur a fait montre de capacités fictionnelles et d'un sens de l'image prometteurs. Ce soir, l'Association Project'Heurt organise une Nuit du court métrage au Théâtre régional de Béjaïa (20h30). Un programme aux titres amusants : ça court en Algérie ; ça court aussi au Maghreb ; ça court même ailleurs ! Il est à noter que c'est la 4e édition de cette manifestation annuelle. Pour sa part, le Ciné-Club de l'Association Chrysalide a choisi le vendredi pour sa 3e édition de Faisons court. A partir de 20h30, trois heures de courts métrages avec des signatures prestigieuses dans le lot : Bunuel, Varda, Pasolini, Topor, Lynch, Quay Brothers… De quoi prouver que le petit attire les grands ! L'Association, qui a produit de jeunes réalisateurs comme Karim Moussaoui, a lancé en juin dernier un nouvel événement : Génération en courts, consacré exclusivement aux nouveaux talents algériens. A ne pas négliger : Project'Heurt comme Chrysalide assurent un service s'hor, court s'entend !