Le projet de loi de finances 2008 révèle la fragilité du budget de l'Etat. Dans l'esprit de ce texte, les nombreuses subventions et les soutiens aux prix des produits de première nécessité commencent à peser lourd sur la balance. Rien que pour la subvention qu'accorde l'Etat à l'OAIC pour la régulation du prix de la farine, l'Etat débourse plus de 28 milliards de dinars. Vulnérabilité ". Le mot a été glissé dans le rapport de présentation de la loi de Finances 2008. "La situation actuelle témoigne de la vulnérabilité du budget de l'Etat qui continue à être sollicité pour le soutien des prix (lait en sachet, farine panifiable, eau dessalée...) et le soutien du fonctionnement des entreprises publiques économiques, dans un contexte caractérisée par une tendance lourde à la défiscalisation de l'activité économique ", peut-on lire sur le document en question. Dans les faits, les dépenses budgétaires de l'année 2008, en accroissement de 9,5% par rapport à 2007, s'élèvent à 4322,9 milliards de dinars. Elles se ventilent en 2018 milliards de dinars en dépenses de fonctionnement et en 2304.9 milliards de dinars en dépenses d'équipement. Le budget de fonctionnement de l'Etat a fait ainsi un bond de 22,1% .Cette progression, souligne le document, diminuerait à 12,1% si l'on exclut l'effet de la mise en œuvre du nouveau système de rémunération dans la Fonction publique. En clair, cette augmentation est liée aux traitements des salaires, mouvementés par la mise en œuvre du nouveau système de rémunération dans la Fonction publique (+166 milliards de dinars) ainsi que de l'ouverture de 43 231 nouveaux postes budgétaires. Mais ce qui coûte également cher à l'Etat, c'est les subventions et les actions sociales. L'aide qu'accorde l'Etat algérien à l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) pour assurer une stabilité des prix des farines (et par ricochet ceux du pain) est de l'ordre de 28,1 milliards de dinars. Dans le chapitre du soutien de l'Etat aux prix des produits jugés de première nécessité, la compensation du prix de l'eau de mer dessalée coûtera près de 3 milliards de dinars. Les entreprises publiques (EPIC) bénéficieront, quant à elles, d'un soutien budgétaire de 7.4 milliards de dinars. L'Etat compte allouer également des enveloppes de 2.5 milliards de dinars à la SNTF ainsi qu'à Air Algérie. Vu le nombre toujours croissant des nouveaux bacheliers, la loi de finances a revu à la hausse l'enveloppe consacrée à l'Office national des œuvres universitaires (12.4 milliards de dinars). La régulation de l'avance du trésor, sur le budget de l'Etat au titre du soutien du prix du lait en sachet nécessitera une enveloppe budgétaire de 9.3 milliards de dinars. La prise en charge des salaires impayés est de l'ordre de 4.8 milliards de dinars, Il est à signaler, par ailleurs, que la dette publique est en augmentation de 14.8 milliards de dinars, résultant notamment du paiement de la dette publique interne (+9 milliards de dinars) et de la garantie des crédits contractés par l'ETUSA (13 milliards de dinars) d'une part ; et de la baisse de 4.2 milliards de dinars au titre des intérêts sur la dette publique d'autre part. Au total, le budget de fonctionnement absorberait 212% des recettes budgétaires, hors produit de la fiscalité pétrolière. Le département de la défense reste le mieux doté Pour ce qui est de la répartition par département ministériels des crédits, le ministère de la défense nationale maintient sa place au top du classement avec plus de 295 milliards de dinars. Le budget de ce département a enregistré une augmentation de 20,23%. Une évolution qui s'explique, d'après le document de la loi de finances, par le renforcement des effectifs induits par la poursuite de l'application des mesures prises par le comité d'Etat major interministériel de sécurité (CEMIS) ainsi que le réajustement à la hausse de la subvention à la caisse de retraites militaires (2,5 fois le SNMG). A la deuxième place du classement figure le ministère de l'Education avec plus de 280 milliards de dinars. Le budget du département d'Aboubakeur Benbouzid a connu une progression de19% par rapport à la loi de Finances de l'année 2007. Cela est imputable à la dotation budgétaire supplémentaire à destination des cantines scolaires (+4.6milliards de dinars), induite par l'accroissement du nombre de cantines (+800), du nombre d'élèves bénéficiaires (+200.000) et du relèvement du coût du repas. A la troisième marche du podium figure le ministère de l'Intérieur et des collectivités locales avec 268 milliards de dinars. Certains départements verront leur budget en baisse en 2008. Les dépenses du ministère de la Solidarité nationale devront ainsi se réduire de 25,75% (50 milliards de dinars). Le budget de chefferie du gouvernement diminuera également de 49,27% pour n'atteindre que 1,1 milliard de dinars. La plus importante hausse de budget est attribuée au ministère de l'Agriculture qui a fait un bond de129.16% pour atteindre les 53 milliards. Les dépenses du secteur des Moudjahidine a également été revu à la hausse (+23.39%) pour atteindre près de 130 milliards de dinars.