La place bancaire locale reste entachée par l'épineuse problématique des créances non performantes sur laquelle le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a de nouveau insisté lors de la présentation, la semaine dernière, de la note de conjoncture financière et monétaire du premier semestre 2007. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a ainsi tirer la sonnette d'alarme en soulignant que qu'une bonne partie des crédits bancaires accordés à des opérateurs privés était dans une situation de créances non performantes. L'épisode du groupe Tonic emballages avec la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR) est un précédent dont les leçons n'ont vraisemblablement pas été tirées. En témoignent les déclarations du gouverneur de la banque centrale qui signale une certaine ''concentration'' des crédits bancaires au profit d'opérateurs privés. Ce constat émis par M. Mohamed Laksaci devant les PDG des banques et des établissements financiers lors d'une réunion consacrée à la conjoncture financière et monétaire du premier semestre, sonne comme un avertissement. Il faut savoir que le métier de banque est évalué sous deux angles : la qualité du portefeuille des crédits accordés et le rythme de mobilisation de l'épargne. C'est sur le premier angle que s'est attardé le gouverneur. Pour étayer ses dires, il a fait appel au langage des chiffres qui font ressortir que les crédits bancaires accordés au cours du 1er semestre 2007 ont été affectés à hauteur de 53,5% au secteur privé (contre 52,9% à fin 2006) pour un montant de 1.125,6 milliards de DA. Quant à la structure des crédits en termes de délais, une légère augmentation a été enregistrée. Les crédits à moyen et long termes ont augmenté en s'établissant à 51,1% de la totalité des crédits à fin juin 2007 contre 49,6% à fin 2006. Les chiffres communiqués par le gouverneur de la Banque d'Algérie s'apparente en outre à une mise au point aux opérateurs privés qui ont souvent mis à l'index l'orthodoxie des banques dès qu'il s'agit de demandes de crédits d'investissements par des opérateurs issus du secteur privé et dénonçant par la même " la politique des injonctions venus d'en haut". L'autre dossier important abordé par M. Laksaci a trait à la politique de change. Le débat sur la valeur de la monnaie nationale a ressurgi à la faveur de la dépréciation du billet vert par rapport à la monnaie unique européenne l'euro. Certains milieux ont évoqués à nouveau quoique à demi mot la réévaluation du dinar afin de faire face à cette situation. Mais cette mesure est loin d'être à l'ordre du jour du gouvernement si l'on tient compte des déclarations du gouverneur de la banque d'Algérie. Il a affirmé que l'Algérie observait une stabilité du taux de change réel qui donne un meilleur ancrage macro-économique et une meilleure garantie pour les investisseurs. ''La Banque d'Algérie poursuit sa politique de flottement dirigé pour assurer la stabilité du taux de change réel du dinar'', a-t-il dit comme pour clore le débat . Et de relever que la politique de l'Algérie dans ce domaine a été saluée par le Fonds monétaire international (FMI) qui a confirmé, dans une étude qu'il a menée récemment sur la politique de change dans les pays émergents, que le taux de change réel du dinar "est en équilibre et que la monnaie algérienne n'a pas connu de sous-évaluation''. S'exprimant sur l'inflation, le gouverneur a souligné que l'année 2007 est marquée par une tendance inflationniste haussière et que la différence d'inflation ''s'est relativement élargie" entre l'Algérie et ses partenaires.